Vos lectures

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Moderator: [MGK] Eole

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[MGK]Boubisis
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Boubisis »

Alors c'est l'histoire d'un recueil de poèmes ... :siffle:
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Pas compris Boub.

En tout cas j'ai pris un sérieux retard sur ce topic. Je lis beaucoup en ce moment mais j'aurais du mal à présenter une lecture isolément des autres, puisque c'est leur succession qui donne un certain intérêt, par le réseau qu'elles construisent. Cependant je vous présenterai surement un topo sur Melmoth. Je crois que c'est typiquement le genre de bouquin qu'on ne lit que si on atteint un état de désœuvrement complet ou des études de Lettres avancées. Et encore même dans le second cas, c'est complètement hors cursus. Livre renversant donc mais presque impossible à conseiller : trop long, trop échevelé, apport pour un jeune lecteur discutable, trop subversif peut-être aussi... Une lecture que vous ne ferez pas donc, que pourtant j'ai envie de vous conseiller, bien que je sache ne pas devoir la recommander.

Petit résumé à venir. Peut-être pas de l'intrigue mais éventuellement des images développées. Plutôt une approche impressionniste et subjective, qu'une lecture technique ou objective. Comme d'hab quoi.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Héhé en me disant que si j'avais bien fait mon coup certains devaient être sur wikipédia à chercher un article je me suis rendu compte qu'il n'existait pas encore d'article sur Melmoth l'homme errant. Première fois que je prends complètement en défaut l'encyclopédie.
Last edited by |MGK|Elsweyr on Tue 26 Jan 2010 01:14, edited 1 time in total.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

C'est pas tous les jours que j'ai l'occasion d'un triple post, alors je la laisse pas passer.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

Le bouquin est dispo sur WikiSource apparemment. L'encyclopédie n'est pas totalement à côté de la plaque. :mouton:

EDIT : + l'article sur wiki anglaise
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[MGK]Boubisis
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Boubisis »

|MGK|Elsweyr wrote:Pas compris Boub.
Pourtant tu devrais t'en souvenir après ce qu'on a fait subir à nano :langue:
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Ah oué exact le wiki anglais en parle. Ça me facilite la tache.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

Els, je sais pas si tu te souviens de la nouvelle de mon cru que j'avais postée il y a quelques mois déja.
On a eu un bilan de l'expérience, avec commentaire sur chaque nouvelle. Si ça t'intéresse :
Poe's Dupin and Conan Doyle's Sherlock Holmes are the reference for The Longest Day [NdE : c'est le titre de notre nouvelle], a reworking of the classic characters with dark humour. Having set up the similarities - names, single status, a case to be resolved - the mismatching begins. Dupin and Watson are not gifted amateurs rejoicing in contented bachelorhood but police professionals, and Dupin's addiction is to any drug that might, however briefly, numb the crushing grief of his bereavement. The homosexual subtext of the originals is moved into the mainstream of the plot : two homosexuals are killed in a hit-and-run during which the driver deliberately accelerates at the last moment. The text contains a myriad little teasing inferences but custom demands you have the pleasure of picking up the double trail of clues yourself.
Voilà voilà. Ce commentaire est d'autant plus intéressant qu'il met en valeur certains éléments que nous n'avions pas du tout envisagé et qu'il souligne bien ce qu'on a essayé de faire aussi (une parodie un peu déjantée, avec de l'humour noir).
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Ça ressemble à un très bon retour en effet, ceux ci se reconnaissent au fait que les auteurs en sortent grandis d'intentions qu'ils ne se soupçonnaient pas. :D
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Re: Vos lectures

Post by MissLinda »

[MGK]Tank wrote:moi j'ai lu chaire de poul shining et jurrasic parc....

:arrow:
Moi aussi j'ai lue des chair de poule , pas mal les histoires mais bon y a mieux quand même mais celui que j'avais bien aimée c'était Chair de poule le Fantôme décapité.. pas mal ce livre , je vous met un extrait du livre si vous ne l'avais pas lu.
Bon moi je vous dis bonne lecture parce que c'est un peu long ce que je vous ai mis :langue: :mrgreen:
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C'est amusant de faire des farces aux enfants du voisinage ! Mais, avec le temps, ça finit par être lassant. En quête de sensations plus fortes, Diane et Stéphanie se rendent au Manoir Perché, une maison hantée transformée en musée. Une nuit, les deux filles décident d'explorer secrètement les pièces et se retrouvent nez à nez avec... le fantôme décapité !
Et sinon aussi un autre livre "L'herbe bleue" que je suis entrain de lire en ce moment qui est très passionnant et triste a la fois , enfaite L'herbe bleue est le journal intime d'une jeune fille de 15 ans qui va sombrer dans la drogue. Si vous voulez le lire je vous met un petit extrait du livre ainsi que sa page de couverture ci- dessous:
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« Hier je me croyais la personne la plus heureuse de la terre, de toute la galaxie, de toute la création. Etait-ce seulement hier ou bien à des millions d’années-lumière ? Je pensais que l’herbe n’avait jamais eu d’odeur aussi verte, que le ciel n’avait jamais été aussi haut … »

Dés les premières lignes de ce journal, on pénètre dans l'intimité et les sentiments de cette jeune fille complexée et fragile qui semble pourtant avoir une vie de famille agréable. Elle confie ses joies et ses peines à son journal comme à un véritable confident. En mal de vivre et sans amis, elle se rend à une soirée délirante qui va bouleverser son existence. L’un des organisateurs de la soirée annonce un nouveau jeu : « ce soir nous allons jouer au furet, tu sais : il court , il court le furet ». Quelqu'un met de la drogue dans des verres, ils sont distribués et on ne sait pas qui va le boire. Elle y goûte, et brusquement tout bascule. Les couleurs se mélangent, elle rit, elle a chaud, elle plane « je me suis sentie toute drôle , comme s’il y avait une tempête en moi » ... S'apercevant avec horreur de ce qu'elle vient de faire, elle décide de ne plus jamais en reprendre. Malheureusement, elle ne parviendra pas à tenir son engagement. Elle en reprendra, découvrira de nouvelles sensations, en revendra et fuguera. Quand elle revient chez elle, ses parents l'emmènent dans un centre psychiatrique et de désintoxication.

Ce journal décrit le monde isolé et désespéré des jeunes toxicomanes. Non pas de l’extérieur : cette descente aux enfers est vécue de l’intérieur par une adolescente qui lutte en vain. Le journal donne un aperçu réel de la spirale incontrôlable dans laquelle elle se trouve : un parcours sans issue, où de vraies rechutes succèdent à de faux espoirs

« Triste et poignant, ce journal nous retrace la descente aux enfers d'une génération entière face à laquelle les adultes sont impuissants. Style simple et parlé qui restitue authentiquement l'univers intérieur de l'adolescente ».

À la fin du journal, un épilogue : « L’auteur de ce journal est morte trois semaines après avoir pris la décision de ne plus en tenir un. Ses parents sont rentrés un soir du cinéma et l’ont trouvée morte. Ils ont appelé la police , une ambulance, mais il n’y avait plus rien à faire. Était-ce une dose trop forte ? Accidentelle ? Préméditée ? Personne ne le sait et cela n’a que peu d’importance , dans le fond. Ce qui importe , c’est que cette enfant est morte.
Et qu’elle n’est qu’une des cinquante mille victimes de la drogue qui succombèrent cette année-là. »
Désoler pour ce copier-coller que j'ai fait pour les extraits des livres , mais sa valais le coup parce que c'est des livres très passionnant enfin surtout "L'herbe bleue" ..
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[MGK]Barthiméus
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Barthiméus »

MissLinda wrote: L'herbe bleue est le journal intime d'une jeune fille de 15 ans qui va sombrer dans la drogue
tu vas t'en sortir linda on croit en toi ! :mrgreen:
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Pas très malin de te moquer Barth, surtout au vu de tes différentes addictions. :tape:

Tiens bon Miss, ça finit par passer.

Ps: me demandez pas si ce post est à prendre au second degré, j'ai encore rien déterminé moi-même.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Attention post réservé aux majeurs, blablabla. J'ai prévenu.

Si Jamais vous ne devez pas tout lire, lisez les deux derniers spoilers ( et si vous avez plus de 18 ans), c'est ça que je voulais partager. Le reste c'est l'emballage du bonbon.

Allez hop un petit point sur ce qu'on ne vous fait pas lire en classe de français. Ce silence est une atteinte à la bonne compréhension. Prenons l'exemple du XVIIème siècle présenté soit comme le siècle de Louis XIV, celui de Malherbe ou encore celui du classicisme...
On se fait déjà chier n'est-ce pas ?
Et pourtant à côté de Malherbe, de sa perfection formelle, de sa volonté de réguler la langue française, et des idéaux de "l'honnête homme", bien pensant jusqu'à paraitre châtré, existent des morceaux de littérature qui rappellent que, même pendant ce siècle policé et polissé , les hommes étaient des hommes, avec les mêmes passions qu'à chaque siècle. Chassez le naturel et il revient au galop dit-on. D'accord, mais encore faut-il savoir par ou il va reparaitre. C'est là qu'interviennent des auteurs moins connus comme Théophile (de Viau). Faisons un zoom sur la question de l'amour, qu'il soit charnel ou non. Voila ce qu'en dit un disciple de Malherbe, Maynard dans un texte intitulé "La belle vieille" que l'on retrouve fréquemment en classe de français. Faites moi plaisir lisez pas tout.

Spoiler :

Cloris, que dans mon temps j'ai si longtemps servie
Et que ma passion montre à tout l'univers,
Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?

N'oppose plus ton deuil au bonheur où j'aspire.
Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
Sors de ta nuit funèbre, et permets que j'admire
Les divines clartés des yeux qui m'ont brûlé.

Où s'enfuit ta prudence acquise et naturelle ?
Qu'est-ce que ton esprit a fait de sa vigueur ?
La folle vanité de paraître fidèle
Aux cendres d'un jaloux, m'expose à ta rigueur.

Eusses-tu fait le voeu d'un éternel veuvage
Pour l'honneur du mari que ton lit a perdu
Et trouvé des Césars dans ton haut parentage,
Ton amour est un bien qui m'est justement dû.

Qu'on a vu revenir de malheurs et de joies,
Qu'on a vu trébucher de peuples et de rois,
Qu'on a pleuré d'Hectors, qu'on a brûlé de Troies
Depuis que mon courage a fléchi sous tes lois !

Ce n'est pas d'aujourd'hui que je suis ta conquête,
Huit lustres ont suivi le jour que tu me pris,
Et j'ai fidèlement aimé ta belle tête
Sous des cheveux châtains et sous des cheveux gris.

C'est de tes jeunes yeux que mon ardeur est née ;
C'est de leurs premiers traits que je fus abattu ;
Mais tant que tu brûlas du flambeau d'hyménée,
Mon amour se cacha pour plaire à ta vertu.

Je sais de quel respect il faut que je t'honore
Et mes ressentiments ne l'ont pas violé.
Si quelquefois j'ai dit le soin qui me dévore,
C'est à des confidents qui n'ont jamais parlé.

Pour adoucir l'aigreur des peines que j'endure
Je me plains aux rochers et demande conseil
A ces vieilles forêts dont l'épaisse verdure
Fait de si belles nuits en dépit du soleil.

L'âme pleine d'amour et de mélancolie
Et couché sur des fleurs et sous des orangers,
J'ai montré ma blessure aux deux mers d'Italie
Et fait dire ton nom aux échos étrangers.

Ce fleuve impérieux à qui tout fit hommage
Et dont Neptune même endure le mépris,
A su qu'en mon esprit j'adorais ton image
Au lieu de chercher Rome en ses vastes débris.

Cloris, la passion que mon coeur t'a jurée
Ne trouve point d'exemple aux siècles les plus vieux.
Amour et la nature admirent la durée
Du feu de mes désirs et du feu de tes yeux.

La beauté qui te suit depuis ton premier âge
Au déclin de tes jours ne veut pas te laisser,
Et le temps, orgueilleux d'avoir fait ton visage,
En conserve l'éclat et craint de l'effacer.

Regarde sans frayeur la fin de toutes choses,
Consulte le miroir avec des yeux contents.
On ne voit point tomber ni tes lys, ni tes roses,
Et l'hiver de ta vie est ton second printemps.

Pour moi, je cède aux ans ; et ma tête chenue
M'apprend qu'il faut quitter les hommes et le jour.
Mon sang se refroidit ; ma force diminue
Et je serais sans feu si j'étais sans amour.

C'est dans peu de matins que je croîtrai le nombre
De ceux à qui la Parque a ravi la clarté !
Oh ! qu'on oira souvent les plaintes de mon ombre
Accuser tes mépris de m'avoir maltraité !

Que feras-tu, Cloris, pour honorer ma cendre ?
Pourras-tu sans regret ouïr parler de moi ?
Et le mort que tu plains te pourra-t-il défendre
De blâmer ta rigueur et de louer ma foi ?

Si je voyais la fin de l'âge qui te reste,
Ma raison tomberait sous l'excès de mon deuil ;
Je pleurerais sans cesse un malheur si funeste
Et ferais jour et nuit l'amour à ton cercueil !
Sur le plan de la forme, rien à redire. En revanche pour ce qui est du propos, que penser d'un homme qui, à 62 ans, en est encore à faire la cour de la femme qui lui avait refusé sa main 40 plus tôt pour épouser un type riche. Elle est veuve maintenant, mais restera cependant sourde aux demandes de Maynard. On se demande pourquoi. Ou pas en réalité, car malgré la longueur de son poème, il ne dit jamais rien d'autre que "depuis le temps que j'attends" ou "tu me dois bien ça". On s'accordera à dire que pour quelqu'un qui réfléchit à la question depuis 40 ans il aurait peut-être pu trouver mieux, ou au moins lui faire un compliment plus soigné que " t'es plutôt belle pour une mourante."

Bref, le type est peut-être doué au niveau stylistique mais au niveau humain, il a la sensibilité et les talents d'observation d'une brique.

Débarrassés de ce préambule allons enfin découvrir la partie caché du XVIIème, celle qu'on cache, celle où l'humanité reprend ses droits.

Laissons la parole à Théophile : (attention c'est chaud, et ça va pas aller en s'améliorant, âmes sensibles, circulez.)

Texte 1, où T. prête sa plume à une femme ( fictive surement, je serai pas étonné qu'il se serve de ce prétexte pour mettre dans la bouche de cette Charmante Mademoiselle D.M. des propos dont il rêve...)
Spoiler :

Pour mademoiselle D. M.
Stances

Je suis bien jeune encor, et la beauté que j'aime
Est jeune comme moi.
J'ai souvent désiré de lui parler moi-même
Pour lui donner ma foi.

J'obéis sans contrainte à l'amour qu'il me donne
Quelque désir qu'il ait,
Et sans lui résister mon âme s'abandonne
A tout ce qui lui plaît.

Si pour lui témoigner combien je suis fidèle,
Il me fallait mourir,
Quoi qu'on eût fait la mort mille fois plus cruelle,
L'on m'y verrait courir.

Je jure mon destin, et le jour qui m'éclaire,
Qu'il est tout mon souci,
Et ce Soleil si beau ne fait que me déplaire,
Quand il n'est pas ici.

Lorsque l'Aube ensuivant la nuit qu'elle a chassée
Épard ses tresses d'or,
Le premier mouvement qui vient à ma pensée,
C'est l'amour d'Alidor.

Je tâche en m'éveillant à rappeler les songes,
Que j'ai faits en dormant,
Et dans le souvenir de leurs plaisants mensonges
Je revois mon amant.

Mon esprit amoureux n'est point sans violence
Au milieu du repos,
Je le vois dans la nuit, et parmi le silence
J'entends ses doux propos.

Tous les secrets d'Amour que le sommeil exprime,
Mon âme les ressent,
Et le matin je pense avoir commis un crime
Dans mon lit innocent.

De honte à mon réveil je suis toute confuse,
Et d'un oeil tout fâché,
Je vois dans mon miroir la rougeur qui m'accuse
D'avoir fait un péché.

Je me veux repentir de cette double offense,
Mais je ne sais comment :
Car mon esprit troublé me fait une défense,
Que lui-même dément.


Dans mon lit désolé toute moite de larmes
Je prie tous les Dieux,
De mal traiter Morphée, à cause que ses charmes
Ont abusé mes yeux.

Hélas ? il est bien vrai que je suis amoureuse,
Et qu'en mon saint amour,
Je me puis réputer l'amante plus heureuse,
Qui soit en cette cour.

J'adore une beauté si vive et si modeste,
Qu'elle peut tout ravir,
Et qui ne prend plaisir d'être toute céleste,
Qu'afin de me servir.

Il a dedans ses yeux des pointes et des charmes,
Qu'un tigre goûterait;
Et si Mars lui voyait mettre la main aux armes,
Il le redouterait.

Il va dans les combats plus fier qu'à la rapine
Ne marche le lion,
Et plus brave qu'Achille ardent à la ruine
Des pompes d'Ilion,

C'est le meilleur esprit, et le plus beau visage,
Qu'on ait encore vu,
Et les meilleurs esprits n'ont point eu d'avantage
Que mon amant n'ait eu.

La gloire entre les coeurs qui la font mieux paraître,
Fait estime du sien,
Et les mieux accomplis ne le sauraient connaître
Sans en dire du bien.

Hors de lui, la vertu dans l'âme la plus belle,
Est comme en un tombeau,
Et ses plus grands éclats sont moins qu'une étincelle
Au prix de ce flambeau.

Je pense en l'adorant que mon idolâtrie
A beaucoup mérité,
Et j'aimerais bien mieux mettre à feu ma patrie,
Que l'avoir irrité.

Dieux, que le beau Pâris eut une belle proie !
Que cet amant fit bien,
Alors qu'il alluma l'embrasement de Troie
Pour amortir le sien !

Ô mon cher Alidor, je suis bien moins qu'Hélène
Digne de t'émouvoir ;
Mais tu sais bien aussi qu'avecque moins de peine
Tu me pourrais avoir.

Il la fallut prier, mais c'est moi qui te prie ;
Et la comparaison
De ses affections avecque ma furie,
Est loin de la raison.

L'impression d'honneur, et celle de la honte
Sont hors de mon esprit.
La chasteté m'offense, et paraît un vieux conte,
Que ma mère m'apprit.

Jamais fille n'aima d'une amitié si forte.
Tous mes plus chers parents,
Depuis que j'ai conçu l'amour que je te porte,
Me sont indifférents.

Ils auraient beau se plaindre et m'appeler barbare,
On me doit pardonner ;
Car vers eux je ne suis de mon amour avare,
Que pour te la donner.

Reçois ma passion, pourvu que ton mérite
N'en soit pas offensé :
Et vois que mon esprit ne te l'aurait écrite,
S'il n'était insensé.
Le bougre va même plus loin dans le Parnasse Satyrique, qui est un recueil anonyme de poèmes licencieux. Malgré l'anonymat, tout fini par se savoir et Théophile sera condamné par contumace (c'est à dire qu'il ne s'est pas présenté au procès, qui se déroule en son absence) à être brûlé avec ses livres. Comme il s'est pas non plus présenté pour se faire cramer ( surprenant ^^ ) on le cramera aussi par contumace. C'est à dire en son absence. Ouep. On fabrique un mannequin en paille à son effigie, on l'habille un peu comme lui et on le brûle. Ce procédé était pas si rare que ça.

Voila donc un exemple des textes qui valurent à son double de paille les flammes:
Spoiler :

O mon Dieu! qu'elle est bien apprise!
Qu'elle forme bien tous ses pas!
La voyez-vous point? c'est Cilise,
Qui ne marche que par compas.

L'on dirait à son apparence,
Quand quelqu'un la vient saluer
Et qu'elle fait la révérence,
Qu'elle ne peut se remuer.

Mais quand on lui donne d'un branle
En l'absence de son cocu,
Vous diriez, comme elle se branle,
Qu'elle a des épines au cul.
Si vous en voulez plus, vous savez où me trouver, Que ce soit pour plus de Malherbe/Maynard ou pour plus de Théophile de Viau et autres "libertins". je suis quand même plus calé sur les seconds. Je préviens.
Last edited by |MGK|Elsweyr on Fri 9 Apr 2010 17:45, edited 1 time in total.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK] Dedabos »

J'ai tout lu, tu m'excuseras Els :wink: , je trouve que l'auteur est sacrément bon pour arriver à faire de la poésie en restant assez..."cru", on va dire. De toute façon Els, tu peux être sur que la plupart des mecs de ce forum vont lire ton post^^, le libertinage c'est un sujets ou le mec macho moyen lit tout .
Personnelement, je pense qu'on peut trouver des passages assez incroyables dans les oeuvres du Marquis de Sade mais bon, maintenant, nous ne sommes plus exclusivement composés de majeurs (ou de jeunes très matures^^) je ne vais donc pas laisser de spoiler :langue:
Une petite branchette souvent, suffit à calmer un gros malin.
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[MGK]Barthiméus
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Barthiméus »

ppf pti joueur dédé, sinon j'avais lu ( il me semble ^^) mais rien trouvé de bien constructif a dire, pour changer :langue:
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

J'ai gardé des souvenirs assez décevants de Sade. Pas ce que je pensais en fait. Les moments où il part dans le graveleux, ça l'est tellement que toute charge érotique est annihilée (chez moi). Les prêtres qui urinent dans la bouche de leurs jeunes ouailles, ça m'amuse pour la curiosité de la chose, mais pas vraiment sur la durée. Et j'ai souvent eu l'impression qu'il y avait pas beaucoup d'intermédiaires chez lui. Soit on parle du temps, soit on passe aux prêtres les plus gratinés... Ce qui me fait penser que les 120 journées de Sodome sont d'actualité et que Benoit XVI sait très bien que les scandales qui agitent l'opinion actuellement ne sont pas nouveaux.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

Sinon, tant que j'y pense :
Verlaine wrote:Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
et
Baudelaire wrote:Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!
J'aime bien. En tout cas, c'est les deux que je proposerais si on me demandait mes poèmes préférés :mouton:
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Re: Vos lectures

Post by iii »

Les poèmes de Verlaine ne me touchent pas plus que ça, en revanche son histoire avec Rimbaud est ...

Par contre Baudelaire <3

Mais je préfère ceux-ci :
Comme les anges à œil fauve,
Je reviendrai dans ton alcôve
Et vers toi glisserai sans bruit
Avec les ombres de la nuit ;

Et je te donnerai, ma brune,
Des baisers froids comme la lune
Et des caresses de serpent
Autour d'une fosse rampant.

Quand viendra le matin livide,
Tu trouveras ma place vide,
Où jusqu'au soir il fera froid.

Comme d'autres par la tendresse,
Sur ta vie et sur ta jeunesse,
Moi, je veux régner par l'effroi.
A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.
De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.
Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
- "Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir?
Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants;
Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon coeur, mon tout et ma moitié,
Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles!
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin!"
Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête:
- "Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.
Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
Avons-nous donc commis une action étrange?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi:
Je frissonne de peur quand tu me dis: "Mon ange!"
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée!
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais un embûche dressée
Et le commencement de ma perdition!"
Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique:
- "Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer?
Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l'on nomme l'amour!
Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître!"
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain: - "Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant; cet abîme est mon coeur!
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide!
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos!
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux!"
- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel!
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
Lion des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous!
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[MGK] Dedabos
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Re: Vos lectures

Post by [MGK] Dedabos »

Vous avez pas les titres pour les incultes?
Une petite branchette souvent, suffit à calmer un gros malin.
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iii
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Re: Vos lectures

Post by iii »

Le Revenant et les Femmes Damnées (Delphine et Hippolyte). Extraits des Fleurs du Mal ...
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