Vos lectures
Moderator: [MGK] Eole
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Re: Vos lectures
Ah ! toi aussi tu espères trouver les réponses au fond d'un vagin ? Pourquoi pas, c'est de là que tout est parti et c'est là qu'on tend tous à retourner sans cesse.
Les cougars artistes ont des réponses : "Les hommes de mon âge sont pas intéressants et ceux du tien non plus, mais toi t'es pile au même endroit que moi et au même moment, alors ça parait dérisoire de parler espace-temps.".
Tu disais qu'il pouvait être bon d'interagir dans l'absurde... Je pense avoir tiré un enrichissement personnel de cette interaction même si j'ai perdu un peu... quelques millilitres.
Les cougars artistes ont des réponses : "Les hommes de mon âge sont pas intéressants et ceux du tien non plus, mais toi t'es pile au même endroit que moi et au même moment, alors ça parait dérisoire de parler espace-temps.".
Tu disais qu'il pouvait être bon d'interagir dans l'absurde... Je pense avoir tiré un enrichissement personnel de cette interaction même si j'ai perdu un peu... quelques millilitres.
Article 1 : j'ai peur.
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Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?
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Re: Vos lectures
Plus rien à lire...
Donc j'ai repris L'Etranger histoire de tuer le temps.
Il a pas bougé d'une virgule.
L'incipit :
Donc j'ai repris L'Etranger histoire de tuer le temps.
Il a pas bougé d'une virgule.
L'incipit :
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’ Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : "Ce n’est pas de ma faute." Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : "On n’a qu’une mère." Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit "oui" pour n’avoir plus à parler.
L’asile est à deux kilomètres du village. J’ai fait le chemin à pied. J’ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé, j’ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite j’ai vu le directeur : il m’a reçu dans son bureau. C’était un petit vieux, avec la Légion d’honneur. Il m’a regardé de ses yeux clairs. Puis il m’a serré la main qu’il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. I1 a consulté un dossier et m’a dit : "Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien." J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai commencé à lui expliquer. Mais il m’a interrompu : "Vous n’avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. I1 lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici." J’ai dit : "Oui, monsieur le Directeur." Il a ajouté : "Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d’un autre temps. Vous êtes jeune et elle devait s’ennuyer avec vous."
C’était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l’asile, elle pleurait souvent. Mais c’était à cause de l’habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l’avait retirée de l’asile. Toujours à cause de l’habitude. C’est un peu pour cela que dans la dernière année je n’y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche – sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route.
Le directeur m’a encore parlé. Mais je ne l’écoutais presque plus. Puis il m’a dit : "Je suppose que vous voulez voir votre mère." Je me suis levé sans rien dire et il m’a précédé vers la porte. Dans l’escalier, il m’a expliqué : "Nous l’avons transportée dans notre petite morgue. Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu’un pensionnaire meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend le service difficile." Nous avons traversé une cour où il y avait beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. On aurait dit d’un jacassement assourdi de perruches. A la porte d’un petit bâtiment, le directeur m’a quitté : "Je vous laisse, monsieur Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, l’enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d’être enterrée religieusement. J’ai pris sur moi de faire le nécessaire. Mais je voulais vous en informer." Je l’ai remercié. Maman, sans être athée, n’avait jamais pensé de son vivant à la religion.
Je suis entré. C’était une salle très claire, blanchie à la chaux et recouverte d’une verrière. Elle était meublée de chaises et de chevalets en forme de X. Deux d’entre eux, au centre, supportaient une bière recouverte de son couvercle. On voyait seulement des vis brillantes, à peine enfoncées, se détacher sur les planches passées au brou de noix. Près de la bière, il y avait une infirmière arabe en sarrau blanc, un foulard de couleur vive sur la tête.
A ce moment, le concierge est entré derrière mon dos. Il avait dû courir. Il a bégayé un peu : "On l’a couverte, mais je dois dévisser la bière pour que vous puissiez la voir." Il s’approchait de la bière quand je l’ai arrêté. Il m’a dit : "Vous ne voulez pas ?" J’ai répondu : "Non." Il s’est interrompu et j’étais gêné parce que je sentais que je n’aurais pas dû dire cela. Au bout d’un moment, il m’a regardé et il m’a demandé : "Pourquoi ?" mais sans reproche, comme s’il s’informait. J’ai dit : "Je ne sais pas." Alors tortillant sa moustache blanche, il a déclaré sans me regarder : "Je comprends." Il avait de beaux yeux, bleu clair, et un teint un peu rouge. Il m’a donné une chaise et lui-même s’est assis un peu en arrière de moi. La garde s’est levée et s’est dirigée vers la sortie. A ce moment, le concierge m’a dit : "C’est un chancre qu’elle a." Comme je ne comprenais pas, j’ai regardé l’infirmière et j’ai vu qu’elle portait sous les yeux un bandeau qui faisait le tour de la tête. A la hauteur du nez, le bandeau était plat. On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage.
Article 1 : j'ai peur.
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Re: Vos lectures
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Re: Vos lectures
C'est marrant que tu cites Camus. Celui-ci était justement assez proche des théories de Sartre sur l'existentialisme (qui se rapproche pas mal de mon truc sur l'interaction).
Un petit passage sur l'angoisse existentialiste assez bien résumé sur wikipédia:
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Re: Vos lectures
Oui, il est vrai que la première partie de son oeuvre (qui comporte L'Etranger) fut perçue comme proche du courant existentialiste.
Dans le roman, un homme est jugé injustement parce que l'accusation lui attribue une "intériorité" monstrueuse. Ca me semble assez proche de la doctrine du courant...
Mais Camus avait pensé son oeuvre complète en plusieurs partie, L'Etranger prend place dans la première et la suivante n'a plus rien à voir avec l'existentialisme.
Alors aujourd'hui je suis parti en quête d'un bouquin de Sartre mais je n'ai trouvé qu'un truc sur Baudelaire... Finalement j'ai pris un essai de Beauvoir : L'existentialisme et la sagesse des nations.
J'espère en apprendre un peu.
Dans le roman, un homme est jugé injustement parce que l'accusation lui attribue une "intériorité" monstrueuse. Ca me semble assez proche de la doctrine du courant...
Mais Camus avait pensé son oeuvre complète en plusieurs partie, L'Etranger prend place dans la première et la suivante n'a plus rien à voir avec l'existentialisme.
Quand même, ça m'intéresse cette histoire d'existentialisme (même si j'en ai entendu beaucoup de mal et que les citations creuses de Sartre me gavent un peu...). J'aimerais en savoir un peu plus car intuitivement la thèse ne me convainc pas des masses. Mais on dit que les intuitions sont parfois trompeuses (ou à peu de choses près on dit ça).Rattaché à tort au mouvement existentialiste qui atteint son apogée au lendemain de la guerre, Albert Camus écrit en fait une oeuvre articulée autour de l'absurde et de la révolte. C'est peut-être Faulkner qui en a le mieux résumé le sens général : "Camus disait que le seul rôle véritable de l'homme, né dans un monde absurde, était de vivre, d'avoir conscience de sa vie, de sa révolte, de sa liberté." Et Camus lui-même a expliqué comment il avait conçu l'ensemble de son oeuvre : " Je voulais d'abord exprimer la négation. Sous trois formes. Romanesque : ce fut L'étranger. Dramatique : Caligula, Le malentendu. Idéologique : Le mythe de Sysiphe. Je prévoyais le positif sous trois formes encore. Romanesque : La peste. Dramatique : L'état de siège et Les justes. Idéologique : L'Homme révolté. J'entrevoyais déjà une troisième couche autour de l'amour."
La peste, ainsi, commencé en 1941, à Oran, ville qui servira de décor au roman, symbolise le mal, un peu comme Moby Dick dont le mythe bouleverse Camus. Contre la peste, des hommes vont aborder diverses attitudes et montrer que l'homme n'est pas entièrement impuissant en face du sort qui lui est fait. Ce roman de la séparation, du malheur et de l'espérance, rappelant de façon symbolique aux hommes de ce temps ce qu'ils venaient de vivre, connut un immense succès.
L'homme révolté, en 1951, ne dit pas autre chose. "J'ai voulu dire la vérité sans cesser d'être généreux" écrit Camus, qui dit aussi de cet essai qui lui valut beaucoup d'inimitiés et le brouilla notamment avec les surréalistes et avec Sartre : "Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications. L'ambition de cet essai serait d'accepter et d'examiner cet étrange défi."
Alors aujourd'hui je suis parti en quête d'un bouquin de Sartre mais je n'ai trouvé qu'un truc sur Baudelaire... Finalement j'ai pris un essai de Beauvoir : L'existentialisme et la sagesse des nations.
J'espère en apprendre un peu.
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- [MGK]Barthiméus
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Re: Vos lectures
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Re: Vos lectures
Ce doit être difficile de reconstruire seul tout le cheminent de pensée de l'humanité.
Je pense que nos idées nous viennent de façon inexplicable, que personne ne sait dans quelle mesure la naissance de l'idée résulte de l'expérience du monde physique. En quoi le monde sensible a-t-il pu donner à Cantor l'idée des nombre transcendants? Cette idée a du lui venir de Dieu car rien ne tendait à créer dans ce sens, c'était un point de départ. Et des points de départ comme ça il y en a des tonnes.
Peut-être que tout vient du code génétique et de l'expérience du monde sensible... mais ça me paraît intuitivement gênant de penser cela. En revanche, ce dont je suis certain puisque c'est évident, c'est que certaines étapes se passent en interne et qu'on peut construire seul à l'infini.
Donc, les interactions avec les autres corps et esprits me semblent indispensables dans le sens où elle permettent d'aller plus vite, de ne pas refaire tout seul et laborieusement des démonstrations déjà faites, de se rendre compte qu'on s'est trompé parfois... mais ce n'est pas tout, et l'introspections peut se révéler riches de trouvailles miraculeuses. Les interactions se digèrent à l'intérieur de l'estomac, cela va de soi non?
Je pense que nos idées nous viennent de façon inexplicable, que personne ne sait dans quelle mesure la naissance de l'idée résulte de l'expérience du monde physique. En quoi le monde sensible a-t-il pu donner à Cantor l'idée des nombre transcendants? Cette idée a du lui venir de Dieu car rien ne tendait à créer dans ce sens, c'était un point de départ. Et des points de départ comme ça il y en a des tonnes.
Peut-être que tout vient du code génétique et de l'expérience du monde sensible... mais ça me paraît intuitivement gênant de penser cela. En revanche, ce dont je suis certain puisque c'est évident, c'est que certaines étapes se passent en interne et qu'on peut construire seul à l'infini.
Donc, les interactions avec les autres corps et esprits me semblent indispensables dans le sens où elle permettent d'aller plus vite, de ne pas refaire tout seul et laborieusement des démonstrations déjà faites, de se rendre compte qu'on s'est trompé parfois... mais ce n'est pas tout, et l'introspections peut se révéler riches de trouvailles miraculeuses. Les interactions se digèrent à l'intérieur de l'estomac, cela va de soi non?
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Re: Vos lectures
J'aurais plutôt conseillé "l'existentialisme est un humanisme."
Plutôt que le procès et l’intériorité présumée monstrueuse de Meursault ce qui me parait en rapport avec l'existentialisme c'est qu'il n'est pas réellement question d'une intériorité chez ce personnage. Meursault ne considère pas son acte, il agit. C'est par son acte, son interaction avec le réel qu'il se caractérise. Son acte le détermine.
Plutôt que le procès et l’intériorité présumée monstrueuse de Meursault ce qui me parait en rapport avec l'existentialisme c'est qu'il n'est pas réellement question d'une intériorité chez ce personnage. Meursault ne considère pas son acte, il agit. C'est par son acte, son interaction avec le réel qu'il se caractérise. Son acte le détermine.
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Re: Vos lectures
Cocasse, il y a deux semaines je devais faire une dissert de français, le sujet: "McBeth est un personnage dont "l'existence précède l'essence"". En l'occurrence, il s'agissait de réfléchir sur l'émergence du mal chez McBeth, en notant que c'est le crime qui a fait de lui un criminel.
Je n'ai pas encore eu le temps de lire attentivement tout ce que vous avez dit, mais ce sera fait ! Tout ça semble passionnant.
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Re: Vos lectures
Oui tu as raison.
En fait il est dépassé par les accusations qu'on porte à son égard puisqu'il ne sait pas qui il est, il s'en fout et ne s'est même pas posé de questions là-dessus. Dès lors il ne peux pas répondre de ses actes. Par exemple, il n'a pas été triste à la mort de sa mère et ne s'est pas demandé si il y avait un truc qui clochait chez lui. Beaucoup se seraient dit que c'était anormal et aurait fait un effort pour se sortir deux ou trois larmes histoire de jouer le jeu. Lui, non. Il n'a rien ressenti et ce doit être le cas de beaucoup qui ne se l'avoueront même pas à eux-même. Meursault s'en branle et se fera couper la tête pour ça. Car il faut vraiment être inhumain pour ne pas chialer quand maman claque. Et nous on préfère être entre gens humains, dotés d'un bon sens moral et bien conformes... Je digresse.
Ce que je voulais dire c'est que Camus critique le fait qu'on fasse le procès d'une intériorité supposée. Pour le lecteur, Meursault ne mérite pas de mourir pour ses actes (donc ne mérite pas de mourir tout court). Ses actes le déterminent bien mais les magistrats ne se préoccuperont pas uniquement de ça, ils vont essayer de sonder son âme et le jugeront injustement.
Pour le truc de Beauvoir c'est réellement très chiant à lire et ça ne parle pas vraiment de ce dont tu causais. A vrai dire, j'ai beaucoup de mal à comprendre car elle utilise beaucoup de concepts qui me sont étrangers... mais j'essaie.
En fait il est dépassé par les accusations qu'on porte à son égard puisqu'il ne sait pas qui il est, il s'en fout et ne s'est même pas posé de questions là-dessus. Dès lors il ne peux pas répondre de ses actes. Par exemple, il n'a pas été triste à la mort de sa mère et ne s'est pas demandé si il y avait un truc qui clochait chez lui. Beaucoup se seraient dit que c'était anormal et aurait fait un effort pour se sortir deux ou trois larmes histoire de jouer le jeu. Lui, non. Il n'a rien ressenti et ce doit être le cas de beaucoup qui ne se l'avoueront même pas à eux-même. Meursault s'en branle et se fera couper la tête pour ça. Car il faut vraiment être inhumain pour ne pas chialer quand maman claque. Et nous on préfère être entre gens humains, dotés d'un bon sens moral et bien conformes... Je digresse.
Ce que je voulais dire c'est que Camus critique le fait qu'on fasse le procès d'une intériorité supposée. Pour le lecteur, Meursault ne mérite pas de mourir pour ses actes (donc ne mérite pas de mourir tout court). Ses actes le déterminent bien mais les magistrats ne se préoccuperont pas uniquement de ça, ils vont essayer de sonder son âme et le jugeront injustement.
Pour le truc de Beauvoir c'est réellement très chiant à lire et ça ne parle pas vraiment de ce dont tu causais. A vrai dire, j'ai beaucoup de mal à comprendre car elle utilise beaucoup de concepts qui me sont étrangers... mais j'essaie.
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Article 4 : où sont les toilettes ?
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Re: Vos lectures
PS : le site sur lequel j'ai retrouvé ce texte (dont j'avais oublié l'auteur) est génial. Il est "consacré aux poètes de l'humour noir et de l'absurde." Pour ceux que ça intéresse : http://www.koikadit.net/La môme néant
Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A' xiste pas.
Jean Tardieu in Monsieur Monsieur, 1951
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Re: Vos lectures
Sympa le site j'ai retrouvé pas mal de textes que j'aime.
Pour revenir sur ce que disait Barth, à propos de penser sans tuteurs, je suis d'accord dans une certaine mesure. Par exemple quand on se laisse guider par les on-dit sur tel auteur. Ce qui me fait revenir à ce que disait Georges sur l'existentialisme et sa mauvais presse. Il m'a fallu longtemps avant de feuilleter de ce côté plus ou moins directement à cause de ça, alors que finalement c'est une lecture qui m'a vraiment permis de me construire. Je ne sais même pas et ne veux pas vraiment savoir d'où partent ces rumeurs. Je le découvrirai en temps et en heure, quand j'aurai trouvé une autre lecture qui me permettra d'avancer.
Pour revenir sur ce que disait Barth, à propos de penser sans tuteurs, je suis d'accord dans une certaine mesure. Par exemple quand on se laisse guider par les on-dit sur tel auteur. Ce qui me fait revenir à ce que disait Georges sur l'existentialisme et sa mauvais presse. Il m'a fallu longtemps avant de feuilleter de ce côté plus ou moins directement à cause de ça, alors que finalement c'est une lecture qui m'a vraiment permis de me construire. Je ne sais même pas et ne veux pas vraiment savoir d'où partent ces rumeurs. Je le découvrirai en temps et en heure, quand j'aurai trouvé une autre lecture qui me permettra d'avancer.
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Re: Vos lectures
Il dit qu'il voit pas le rapport. C'est un très bon pamphlet : virulent par le ton et dénué du moindre argument.
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Re: Vos lectures
C'est en fait une réponse à un pamphlet de Sartre.
Il le réfute (sans doute partiellement).
1) Il n'a pas été payé pour collaborer, au contraire il a du payer de sa personne : déshonneur national et emprisonnement, réquisition de ses biens.
Céline était pro-nazi bien avant la guerre, il voulait que la France s'allie avec l'Allemagne dès 1937.
2) Il n'a jamais dénoncé personne, et pendant la guerre des résistants se réunissait juste au dessus de chez lui. Il aurait très bien pu les balancer. Céline accusait d'être juif des collabos, il disait être le seul intellectuel collabo à n'être pas du tout juif, et que tous les autres étaient en fait plus juifs que les juifs qu'ils dénonçaient... Céline n'a attaqué personnellement que des gens totalement hors de danger et son antisémitisme était très complexe. Bien sur il a attaqué les juifs en général dans deux pamphlets, ce qui étaient vraiment très très discutable. Mais dans le contexte de l'époque d'avant-guerre, cela n'a pas empêché les Sartre, Aragon et compagnie de le solliciter sans cesse, et en vain, avant de lui cracher dessus quand le vent tourna. Et Sartre le dénonce lui. Céline était pacifiste et lui voulait la mort des collabos...
3) L'argument principal : absence totale de style chez Sartre, il ne sait pas écrire.
4) Basses attaques sur le physique, mais c'est marrant je trouve.
Bien sur j'en dit plus que Céline lui-même dans son pamphlet. Mais c'est à peu près les 4 choses qu'on peut en sortir. On peut aussi noter l'ironie avec laquelle il sous-entend qu'un jour Sartre saura peut-être écrire, que pour l'instant il écrit presque comme un enfant. Et aussi comment il montre que Sartre est insignifiant à ses yeux : il se trompe sur son prénom.
Ce qui est beau, c'est la Musique de Céline et le fait qu'il est toujours seul contre tous... Pas un chef de file ni un suiveur. Il tapait sur tout le monde. Il disait vouloir être seul face à l'humanité pour pouvoir écrire sur elle. Il a plutôt bien réussi.
Je suis conscient que ça n'a pas le moindre rapport avec l'existentialisme, simplement je trouve que c'est un beau pamphlet et comme c'était sur Sartre je me suis dit que ça pourrait être intéressant de le poster, ne serait-ce que pour me faire l'avocat du diable.
Ce n'est pas ça qui m'empêchera de lire Sartre.
Il le réfute (sans doute partiellement).
1) Il n'a pas été payé pour collaborer, au contraire il a du payer de sa personne : déshonneur national et emprisonnement, réquisition de ses biens.
Céline était pro-nazi bien avant la guerre, il voulait que la France s'allie avec l'Allemagne dès 1937.
2) Il n'a jamais dénoncé personne, et pendant la guerre des résistants se réunissait juste au dessus de chez lui. Il aurait très bien pu les balancer. Céline accusait d'être juif des collabos, il disait être le seul intellectuel collabo à n'être pas du tout juif, et que tous les autres étaient en fait plus juifs que les juifs qu'ils dénonçaient... Céline n'a attaqué personnellement que des gens totalement hors de danger et son antisémitisme était très complexe. Bien sur il a attaqué les juifs en général dans deux pamphlets, ce qui étaient vraiment très très discutable. Mais dans le contexte de l'époque d'avant-guerre, cela n'a pas empêché les Sartre, Aragon et compagnie de le solliciter sans cesse, et en vain, avant de lui cracher dessus quand le vent tourna. Et Sartre le dénonce lui. Céline était pacifiste et lui voulait la mort des collabos...
3) L'argument principal : absence totale de style chez Sartre, il ne sait pas écrire.
4) Basses attaques sur le physique, mais c'est marrant je trouve.
Bien sur j'en dit plus que Céline lui-même dans son pamphlet. Mais c'est à peu près les 4 choses qu'on peut en sortir. On peut aussi noter l'ironie avec laquelle il sous-entend qu'un jour Sartre saura peut-être écrire, que pour l'instant il écrit presque comme un enfant. Et aussi comment il montre que Sartre est insignifiant à ses yeux : il se trompe sur son prénom.
Ce qui est beau, c'est la Musique de Céline et le fait qu'il est toujours seul contre tous... Pas un chef de file ni un suiveur. Il tapait sur tout le monde. Il disait vouloir être seul face à l'humanité pour pouvoir écrire sur elle. Il a plutôt bien réussi.
Je suis conscient que ça n'a pas le moindre rapport avec l'existentialisme, simplement je trouve que c'est un beau pamphlet et comme c'était sur Sartre je me suis dit que ça pourrait être intéressant de le poster, ne serait-ce que pour me faire l'avocat du diable.
Ce n'est pas ça qui m'empêchera de lire Sartre.
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Re: Vos lectures
Non, juste un truc limite hors-sujet...
J'ai pas continué la lecture de L'existentialisme et la sagesse des nations qui est en fait un recueil d'articles qui parlent de plein de choses différentes et auxquelles je ne comprend rien... manque de vocabulaire et c'est un peu chiant de devoir chercher la définition de chaque concept. Peut-être que je reprendrai ça un jour de courage.
J'ai commencé un roman de Kafka fort intéressant et qui fait moins mal à la tête : Le Procès.
Ca traite de beaucoup de thèmes qui me tracassent depuis quelques temps. Entre autres de l'impossibilité d'accéder à l'absolu, de trouver un sens à l'existence, la condamnation à mort et l'attente dans l'impasse de l'absurde.
Est-ce qu'il existe quelque chose qui sous-tendrait toute la morale, une Justice absolue, et que simplement cette chose ne pourrait jamais être connue d'aucun homme? Ou est-ce que cette chose n'existe même pas? Le problème est en tout cas insoluble autrement que par un sentiment profond, indépendant de l'entendement. Et avoir la pleine persuasion de la réponse à cette question peut bouleverser une vie. Et merde !
Je dis sans doute tout un tas de conneries, j'ai un peu bu.
Mais je dis souvent des conneries en étant sobre donc cette excuse est médiocre.
Je suis finalement bien plus à l'aise quand je suis certain de dire de la merde, c'est dit puis oublié et pas de doute... Le bonheur réside dans l'absence de doute et un bon moyen de ne pas douter c'est de boire.
Il y a quelques jours, alors que je buvais dans des bars et changeais chaque fois que je commençais à m'ennuyer ou qu'on ne voulait plus me servir, un type m'a pris de haut (comme la plupart des gens avec qui je discute dans ces cas-là et qui se sentent infiniment supérieurs à moi dès qu'ils apprennent que je ne fais rien dans la vie) et m'a demandé quelle était mon ambition dans la vie. Je lui ai répondu que c'était de finir cette bière qui était posée devant moi et il a ri comme si c'était une blague. Ensuite il a commencé à me parler de lui, mais je l'ai pas écouté. J'ai fini ma bière et ai changé de bar.
Mieux vaut jouer au cap's avec des clodos...
Ou boire seul.
Bien qu'on puisse rencontrer des gens intéressants dans les bars... mais c'est plus rare le soir que l'après-midi. Le soir ils sont plus dilués.
Grosse digression là.
Je me tais.
J'ai pas continué la lecture de L'existentialisme et la sagesse des nations qui est en fait un recueil d'articles qui parlent de plein de choses différentes et auxquelles je ne comprend rien... manque de vocabulaire et c'est un peu chiant de devoir chercher la définition de chaque concept. Peut-être que je reprendrai ça un jour de courage.
J'ai commencé un roman de Kafka fort intéressant et qui fait moins mal à la tête : Le Procès.
Ca traite de beaucoup de thèmes qui me tracassent depuis quelques temps. Entre autres de l'impossibilité d'accéder à l'absolu, de trouver un sens à l'existence, la condamnation à mort et l'attente dans l'impasse de l'absurde.
Est-ce qu'il existe quelque chose qui sous-tendrait toute la morale, une Justice absolue, et que simplement cette chose ne pourrait jamais être connue d'aucun homme? Ou est-ce que cette chose n'existe même pas? Le problème est en tout cas insoluble autrement que par un sentiment profond, indépendant de l'entendement. Et avoir la pleine persuasion de la réponse à cette question peut bouleverser une vie. Et merde !
Je dis sans doute tout un tas de conneries, j'ai un peu bu.
Mais je dis souvent des conneries en étant sobre donc cette excuse est médiocre.
Je suis finalement bien plus à l'aise quand je suis certain de dire de la merde, c'est dit puis oublié et pas de doute... Le bonheur réside dans l'absence de doute et un bon moyen de ne pas douter c'est de boire.
Il y a quelques jours, alors que je buvais dans des bars et changeais chaque fois que je commençais à m'ennuyer ou qu'on ne voulait plus me servir, un type m'a pris de haut (comme la plupart des gens avec qui je discute dans ces cas-là et qui se sentent infiniment supérieurs à moi dès qu'ils apprennent que je ne fais rien dans la vie) et m'a demandé quelle était mon ambition dans la vie. Je lui ai répondu que c'était de finir cette bière qui était posée devant moi et il a ri comme si c'était une blague. Ensuite il a commencé à me parler de lui, mais je l'ai pas écouté. J'ai fini ma bière et ai changé de bar.
Mieux vaut jouer au cap's avec des clodos...
Ou boire seul.
Bien qu'on puisse rencontrer des gens intéressants dans les bars... mais c'est plus rare le soir que l'après-midi. Le soir ils sont plus dilués.
Grosse digression là.
Je me tais.
Article 1 : j'ai peur.
Article 2 : j'ai peur.
Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?
Article 2 : j'ai peur.
Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?
- |MGK|Elsweyr
- ... !?
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Re: Vos lectures
Juste pour disperser un potentiel malentendu je tiens à dire que je ne te prends pas de haut. Mes réponses sont souvent sibyllines et condensées, pour autant l'objectif n'est pas d'être blessant. J'ai rarement le temps de développer ce que j'ai à dire en ce moment.
Le Procès est une lecture particulièrement enthousiasmante malgré le malaise durable qu'elle provoque, bon choix. Je maintiens par ailleurs que 'l'existentialisme est un humanisme" est une lecture utile. C'est de la vulgarisation philosophique (Beauvoir...) et Sartre répond à certaines critiques formulées contre l'existentialisme. Si la question du doute t’intéresse tu devrais y trouver du grain à moudre.
Le Procès est une lecture particulièrement enthousiasmante malgré le malaise durable qu'elle provoque, bon choix. Je maintiens par ailleurs que 'l'existentialisme est un humanisme" est une lecture utile. C'est de la vulgarisation philosophique (Beauvoir...) et Sartre répond à certaines critiques formulées contre l'existentialisme. Si la question du doute t’intéresse tu devrais y trouver du grain à moudre.
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- Fauteur de troubles
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Re: Vos lectures
[juste pour dire que je lis tout, que ça me fait bouillonner intérieurement, mais que j'arrive pas à mettre mes idées en forme. continuez comme ça, svp]
Spoiler :
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Re: Vos lectures
Je ne parlais absolument pas de toi Els.
Je parlais des gens dans les bars qui sont très heureux de ma présence car ils pensent alors avoir réussi leur vie, par contraste. Je n'ai pas les "bonnes réponses" alors je suis un idiot et ils me prennent de haut parce que eux les connaissent les "bonnes réponses", en général pour les avoir apprises par coeur. Tout le monde n'est pas comme ça et c'est heureux, mais je suis assez poissard pour ne tomber que sur ce type de personnage, ou presque...
En vérité je suis un peu responsable car je sais que je suis à côté de la conversation, tout le temps, mais c'est que je veux la déplacer et la sortir des rails. Entendre sans cesse les même choses et avoir l'impression de rencontrer la même personne tout le temps ça m'angoisse beaucoup, alors j'essaie de les bousculer un peu, de les déstabiliser pour voir ce qu'ils ont dans le ventre et parfois ça marche. En général on me prend pour un cinglé, et on se moque de moi, un peu avec l'arrogance de l'adulte face à l'enfant qui pose des questions apparemment idiotes.
EDIT : je vais essayer de trouver ce dont tu parle, Els, dans une autre librairie. Si je n'y parviens pas je le commanderai peut-être.
Je parlais des gens dans les bars qui sont très heureux de ma présence car ils pensent alors avoir réussi leur vie, par contraste. Je n'ai pas les "bonnes réponses" alors je suis un idiot et ils me prennent de haut parce que eux les connaissent les "bonnes réponses", en général pour les avoir apprises par coeur. Tout le monde n'est pas comme ça et c'est heureux, mais je suis assez poissard pour ne tomber que sur ce type de personnage, ou presque...
En vérité je suis un peu responsable car je sais que je suis à côté de la conversation, tout le temps, mais c'est que je veux la déplacer et la sortir des rails. Entendre sans cesse les même choses et avoir l'impression de rencontrer la même personne tout le temps ça m'angoisse beaucoup, alors j'essaie de les bousculer un peu, de les déstabiliser pour voir ce qu'ils ont dans le ventre et parfois ça marche. En général on me prend pour un cinglé, et on se moque de moi, un peu avec l'arrogance de l'adulte face à l'enfant qui pose des questions apparemment idiotes.
EDIT : je vais essayer de trouver ce dont tu parle, Els, dans une autre librairie. Si je n'y parviens pas je le commanderai peut-être.
Article 1 : j'ai peur.
Article 2 : j'ai peur.
Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?
Article 2 : j'ai peur.
Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?