Vos lectures

Venez parler de tout et de rien ou de vos problème selon votre humeur

Moderator: [MGK] Eole

MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Ah ! toi aussi tu espères trouver les réponses au fond d'un vagin ? Pourquoi pas, c'est de là que tout est parti et c'est là qu'on tend tous à retourner sans cesse.
Les cougars artistes ont des réponses : "Les hommes de mon âge sont pas intéressants et ceux du tien non plus, mais toi t'es pile au même endroit que moi et au même moment, alors ça parait dérisoire de parler espace-temps.".
Tu disais qu'il pouvait être bon d'interagir dans l'absurde... Je pense avoir tiré un enrichissement personnel de cette interaction même si j'ai perdu un peu... quelques millilitres.
Article 1 : j'ai peur.
Article 2 : j'ai peur.
Article 3 : j'ai peur.
Article 4 : où sont les toilettes ?
MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Plus rien à lire...
Donc j'ai repris L'Etranger histoire de tuer le temps.
Il a pas bougé d'une virgule.
L'incipit :
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’ Alger. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai même dit : "Ce n’est pas de ma faute." Il n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m’a dit : "On n’a qu’une mère." Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit "oui" pour n’avoir plus à parler.
L’asile est à deux kilomètres du village. J’ai fait le chemin à pied. J’ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé, j’ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite j’ai vu le directeur : il m’a reçu dans son bureau. C’était un petit vieux, avec la Légion d’honneur. Il m’a regardé de ses yeux clairs. Puis il m’a serré la main qu’il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. I1 a consulté un dossier et m’a dit : "Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien." J’ai cru qu’il me reprochait quelque chose et j’ai commencé à lui expliquer. Mais il m’a interrompu : "Vous n’avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J’ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. I1 lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici." J’ai dit : "Oui, monsieur le Directeur." Il a ajouté : "Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d’un autre temps. Vous êtes jeune et elle devait s’ennuyer avec vous."
C’était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l’asile, elle pleurait souvent. Mais c’était à cause de l’habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l’avait retirée de l’asile. Toujours à cause de l’habitude. C’est un peu pour cela que dans la dernière année je n’y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche – sans compter l’effort pour aller à l’autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route.
Le directeur m’a encore parlé. Mais je ne l’écoutais presque plus. Puis il m’a dit : "Je suppose que vous voulez voir votre mère." Je me suis levé sans rien dire et il m’a précédé vers la porte. Dans l’escalier, il m’a expliqué : "Nous l’avons transportée dans notre petite morgue. Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu’un pensionnaire meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend le service difficile." Nous avons traversé une cour où il y avait beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. On aurait dit d’un jacassement assourdi de perruches. A la porte d’un petit bâtiment, le directeur m’a quitté : "Je vous laisse, monsieur Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, l’enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d’être enterrée religieusement. J’ai pris sur moi de faire le nécessaire. Mais je voulais vous en informer." Je l’ai remercié. Maman, sans être athée, n’avait jamais pensé de son vivant à la religion.
Je suis entré. C’était une salle très claire, blanchie à la chaux et recouverte d’une verrière. Elle était meublée de chaises et de chevalets en forme de X. Deux d’entre eux, au centre, supportaient une bière recouverte de son couvercle. On voyait seulement des vis brillantes, à peine enfoncées, se détacher sur les planches passées au brou de noix. Près de la bière, il y avait une infirmière arabe en sarrau blanc, un foulard de couleur vive sur la tête.
A ce moment, le concierge est entré derrière mon dos. Il avait dû courir. Il a bégayé un peu : "On l’a couverte, mais je dois dévisser la bière pour que vous puissiez la voir." Il s’approchait de la bière quand je l’ai arrêté. Il m’a dit : "Vous ne voulez pas ?" J’ai répondu : "Non." Il s’est interrompu et j’étais gêné parce que je sentais que je n’aurais pas dû dire cela. Au bout d’un moment, il m’a regardé et il m’a demandé : "Pourquoi ?" mais sans reproche, comme s’il s’informait. J’ai dit : "Je ne sais pas." Alors tortillant sa moustache blanche, il a déclaré sans me regarder : "Je comprends." Il avait de beaux yeux, bleu clair, et un teint un peu rouge. Il m’a donné une chaise et lui-même s’est assis un peu en arrière de moi. La garde s’est levée et s’est dirigée vers la sortie. A ce moment, le concierge m’a dit : "C’est un chancre qu’elle a." Comme je ne comprenais pas, j’ai regardé l’infirmière et j’ai vu qu’elle portait sous les yeux un bandeau qui faisait le tour de la tête. A la hauteur du nez, le bandeau était plat. On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage.
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MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Spoiler :
Satan

Nous voilà donc encore une fois en présence,
Lui le tyran divin, moi le vieux révolté.
Or je suis la Justice, il n’est que la Puissance ;
A qui va, de nous deux, rester l’Humanité ?
Ah ! tu comptais sans moi, Divinité funeste,
Lorsque tu façonnais le premier couple humain,
Et que dans ton Éden, sous ton regard céleste,
Tu l’enfermas jadis au sortir de ta main.
Je n’eus qu’à le voir là, languissant et stupide,
Comme un simple animal errer et végéter,
Pour concevoir soudain dans mon âme intrépide
L’audacieux dessein de te le disputer.
Quoi ! je l’aurais laissée, au sein de la nature,
Sans espoir à jamais s’engourdir en ce lieu ?
Je l’aimais trop déjà, la faible créature,
Et je ne pouvais pas l’abandonner à Dieu.
Contre ta volonté, c’est moi qui l’ai fait naître,
Le désir de savoir en cet être ébauché ;
Puisque pour s’achever, pour penser, pour connaître,
Il fallait qu’il péchât, eh bien ! il a péché.
Il le prit de ma main, ce fruit de délivrance,
Qu’il n’eût osé tout seul ni cueillir ni goûter :
Sortir du fond obscur d’une éroite ignorance,
Ce n’était point déchoir, non, non ! c’était monter.
Le premier pas est fait, l’ascension commence ;
Ton Paradis, tu peux le fermer à ton gré ;
Quand tu l’eusses rouvert en un jour de clémence,
Le noble fugitif n’y fût jamais rentré.
Ah ! plutôt le désert, plutôt la roche humide,
Que ce jardin de fleurs et d’azur couronné !
C’en est fait pour toujours du pauvre Adam timide ;
Voici qu’un nouvel être a surgi : l’Homme est né !
L’Homme, mon œuvre, à moi, car j’y mis tout moi-même :
Il ne saurait tromper mes vœux ni mon dessein.
Défiant ton courroux, par un effort suprême
J’éveillai la raison qui dormait en son sein.
Cet éclair faible encor, cette lueur première
Que deviendra le jour, c’est de moi qu’il ta tient.
Nous avons tous les deux créé notre lumière,
Oui, mais mon Fiat lux l’emporte sur le tien !
Il a du premier coup levé bien d’autres voiles
Que ceux du vieux chaos où se jouait ta main.
Toi, tu n’as que ton ciel pour semer tes étoiles ;
Pour lancer mon soleil, moi, j’ai l’esprit humain !
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

C'est marrant que tu cites Camus. Celui-ci était justement assez proche des théories de Sartre sur l'existentialisme (qui se rapproche pas mal de mon truc sur l'interaction).
Spoiler :
L’existentialisme est un courant philosophique et littéraire qui postule que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, en opposition à la thèse que ces dernières lui sont prédéterminées par quelconques doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L'existentialisme considère donc chaque personne comme un être unique qui est maître non seulement de ses actes et de son destin, mais également - pour le meilleur comme pour le pire - des valeurs qu'il décide d'adopter.
Spoiler :
L'existentialisme peut être expliqué par la théorie sartrienne: « l'existence précède l'essence », c'est-à-dire que nous surgissons d'abord dans le monde, puis nous existons et finalement nous nous définissons par nos actions dont nous sommes pleinement responsables. En cela, l'être vivant se distingue de l'objet manufacturé qui, lui, a été conçu pour une fin, et se définit donc plutôt par son essence (qui, en opposition avec l'existence, serait un aboutissement et non un point de départ). L'étiquette d'« existentialiste » avait aussi été attribuée à Albert Camus (voir son roman L'Étranger).
Un petit passage sur l'angoisse existentialiste assez bien résumé sur wikipédia:
Spoiler :
Chez les existentialistes, l'angoisse ne désigne pas un simple sentiment subjectif et ne se confond pas non plus avec l'anxiété ou la peur. L'angoisse est toujours angoisse du néant et aussi angoisse devant sa propre liberté. Elle désigne l'expérience radicale de l'existence humaine. Chez Kierkegaard l’angoisse naît de la liberté. Elle est la découverte d’une liberté qui, tout en n'étant rien, est investie d'un pouvoir infini. Pour Heidegger, l'angoisse est l'essence même de l'homme car elle est la disposition fondamentale de l'existence et elle en révèle le fond. Chez Sartre, il y a conjugaison de ces deux définitions. L'angoisse est à la fois angoisse devant la liberté et devant le néant de la mort. L'angoisse n'est pas la peur. On a peur que de ce qui nous est extérieur : le monde et les autres. Mais, on s'angoisse devant soi-même. C’est ce que révèle l'expérience du vertige : je suis au bord d'un précipice, d'abord vient la peur de glisser et donc la peur de la mort, mais tant qu'elle en reste à cela mon angoisse n'est encore qu'une anxiété et je suis encore passif. Je fais alors attention et mes possibilités d'échapper au danger, comme celle de reculer, annihilent ma peur de tomber. Mais alors, je m'angoisse car ces réactions sur lesquelles mon attention se fixe ne sont encore que des "libres" possibilités. Rien ne me contraint à sauver ma vie en faisant attention, le suicide est aussi une de mes conduites possibles. Mais là encore ce n'est seulement qu'une possibilité, d'où une contre angoisse et je m'éloigne du précipice. J'ai peur de ce que je peux faire, du pouvoir immense que me confère ma liberté : c'est de là que naît l'angoisse authentique.
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Spoiler :
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MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Oui, il est vrai que la première partie de son oeuvre (qui comporte L'Etranger) fut perçue comme proche du courant existentialiste.
Dans le roman, un homme est jugé injustement parce que l'accusation lui attribue une "intériorité" monstrueuse. Ca me semble assez proche de la doctrine du courant...
Mais Camus avait pensé son oeuvre complète en plusieurs partie, L'Etranger prend place dans la première et la suivante n'a plus rien à voir avec l'existentialisme.
Rattaché à tort au mouvement existentialiste qui atteint son apogée au lendemain de la guerre, Albert Camus écrit en fait une oeuvre articulée autour de l'absurde et de la révolte. C'est peut-être Faulkner qui en a le mieux résumé le sens général : "Camus disait que le seul rôle véritable de l'homme, né dans un monde absurde, était de vivre, d'avoir conscience de sa vie, de sa révolte, de sa liberté." Et Camus lui-même a expliqué comment il avait conçu l'ensemble de son oeuvre : " Je voulais d'abord exprimer la négation. Sous trois formes. Romanesque : ce fut L'étranger. Dramatique : Caligula, Le malentendu. Idéologique : Le mythe de Sysiphe. Je prévoyais le positif sous trois formes encore. Romanesque : La peste. Dramatique : L'état de siège et Les justes. Idéologique : L'Homme révolté. J'entrevoyais déjà une troisième couche autour de l'amour."
La peste, ainsi, commencé en 1941, à Oran, ville qui servira de décor au roman, symbolise le mal, un peu comme Moby Dick dont le mythe bouleverse Camus. Contre la peste, des hommes vont aborder diverses attitudes et montrer que l'homme n'est pas entièrement impuissant en face du sort qui lui est fait. Ce roman de la séparation, du malheur et de l'espérance, rappelant de façon symbolique aux hommes de ce temps ce qu'ils venaient de vivre, connut un immense succès.
L'homme révolté, en 1951, ne dit pas autre chose. "J'ai voulu dire la vérité sans cesser d'être généreux" écrit Camus, qui dit aussi de cet essai qui lui valut beaucoup d'inimitiés et le brouilla notamment avec les surréalistes et avec Sartre : "Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement qui est propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications. L'ambition de cet essai serait d'accepter et d'examiner cet étrange défi."
Quand même, ça m'intéresse cette histoire d'existentialisme (même si j'en ai entendu beaucoup de mal et que les citations creuses de Sartre me gavent un peu...). J'aimerais en savoir un peu plus car intuitivement la thèse ne me convainc pas des masses. Mais on dit que les intuitions sont parfois trompeuses (ou à peu de choses près on dit ça).
Alors aujourd'hui je suis parti en quête d'un bouquin de Sartre mais je n'ai trouvé qu'un truc sur Baudelaire... Finalement j'ai pris un essai de Beauvoir : L'existentialisme et la sagesse des nations.
J'espère en apprendre un peu.
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[MGK]Barthiméus
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Barthiméus »

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mod/jdisdlamerde: On
Pourquoi chercher absolument a se référer aux pensées des autres ? t' as pas besoin de didactitiel de réflexion si ?
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mod/jdisdlamerde: Off
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MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Ce doit être difficile de reconstruire seul tout le cheminent de pensée de l'humanité.
Je pense que nos idées nous viennent de façon inexplicable, que personne ne sait dans quelle mesure la naissance de l'idée résulte de l'expérience du monde physique. En quoi le monde sensible a-t-il pu donner à Cantor l'idée des nombre transcendants? Cette idée a du lui venir de Dieu car rien ne tendait à créer dans ce sens, c'était un point de départ. Et des points de départ comme ça il y en a des tonnes.
Peut-être que tout vient du code génétique et de l'expérience du monde sensible... mais ça me paraît intuitivement gênant de penser cela. En revanche, ce dont je suis certain puisque c'est évident, c'est que certaines étapes se passent en interne et qu'on peut construire seul à l'infini.
Donc, les interactions avec les autres corps et esprits me semblent indispensables dans le sens où elle permettent d'aller plus vite, de ne pas refaire tout seul et laborieusement des démonstrations déjà faites, de se rendre compte qu'on s'est trompé parfois... mais ce n'est pas tout, et l'introspections peut se révéler riches de trouvailles miraculeuses. Les interactions se digèrent à l'intérieur de l'estomac, cela va de soi non?
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

J'aurais plutôt conseillé "l'existentialisme est un humanisme."

Plutôt que le procès et l’intériorité présumée monstrueuse de Meursault ce qui me parait en rapport avec l'existentialisme c'est qu'il n'est pas réellement question d'une intériorité chez ce personnage. Meursault ne considère pas son acte, il agit. C'est par son acte, son interaction avec le réel qu'il se caractérise. Son acte le détermine.
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[MGK]Martini
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Martini »

Cocasse, il y a deux semaines je devais faire une dissert de français, le sujet: "McBeth est un personnage dont "l'existence précède l'essence"". En l'occurrence, il s'agissait de réfléchir sur l'émergence du mal chez McBeth, en notant que c'est le crime qui a fait de lui un criminel.
Je n'ai pas encore eu le temps de lire attentivement tout ce que vous avez dit, mais ce sera fait ! Tout ça semble passionnant.
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Oui tu as raison.
En fait il est dépassé par les accusations qu'on porte à son égard puisqu'il ne sait pas qui il est, il s'en fout et ne s'est même pas posé de questions là-dessus. Dès lors il ne peux pas répondre de ses actes. Par exemple, il n'a pas été triste à la mort de sa mère et ne s'est pas demandé si il y avait un truc qui clochait chez lui. Beaucoup se seraient dit que c'était anormal et aurait fait un effort pour se sortir deux ou trois larmes histoire de jouer le jeu. Lui, non. Il n'a rien ressenti et ce doit être le cas de beaucoup qui ne se l'avoueront même pas à eux-même. Meursault s'en branle et se fera couper la tête pour ça. Car il faut vraiment être inhumain pour ne pas chialer quand maman claque. Et nous on préfère être entre gens humains, dotés d'un bon sens moral et bien conformes... Je digresse.
Ce que je voulais dire c'est que Camus critique le fait qu'on fasse le procès d'une intériorité supposée. Pour le lecteur, Meursault ne mérite pas de mourir pour ses actes (donc ne mérite pas de mourir tout court). Ses actes le déterminent bien mais les magistrats ne se préoccuperont pas uniquement de ça, ils vont essayer de sonder son âme et le jugeront injustement.

Pour le truc de Beauvoir c'est réellement très chiant à lire et ça ne parle pas vraiment de ce dont tu causais. A vrai dire, j'ai beaucoup de mal à comprendre car elle utilise beaucoup de concepts qui me sont étrangers... mais j'essaie.
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

La môme néant


Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.

Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?

- A' xiste pas.

Jean Tardieu in Monsieur Monsieur, 1951
PS : le site sur lequel j'ai retrouvé ce texte (dont j'avais oublié l'auteur) est génial. Il est "consacré aux poètes de l'humour noir et de l'absurde." Pour ceux que ça intéresse : http://www.koikadit.net/
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Sympa le site j'ai retrouvé pas mal de textes que j'aime.

Pour revenir sur ce que disait Barth, à propos de penser sans tuteurs, je suis d'accord dans une certaine mesure. Par exemple quand on se laisse guider par les on-dit sur tel auteur. Ce qui me fait revenir à ce que disait Georges sur l'existentialisme et sa mauvais presse. Il m'a fallu longtemps avant de feuilleter de ce côté plus ou moins directement à cause de ça, alors que finalement c'est une lecture qui m'a vraiment permis de me construire. Je ne sais même pas et ne veux pas vraiment savoir d'où partent ces rumeurs. Je le découvrirai en temps et en heure, quand j'aurai trouvé une autre lecture qui me permettra d'avancer.
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

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A l'agité du bocal

Je ne lis pas grand-chose, je n'ai pas le temps. Trop d'années perdues déjà en tant de bêtises et de prison ! Mais on me presse, adjure, tarabuste. Il faut que je lise absolument, paraît-il, une sorte d'article, le Portrait d'un Antisémite, par Jean-Baptiste Sartre (Temps modernes, décembre 1945). Je parcours ce long devoir, jette un oeil, ce n'est ni bon ni mauvais, ce n'est rien du tout, pastiche... une façon de "Lamanièredeux"... Ce petit J.‑B. S. a lu l'Étourdi, l'Amateur de Tulipes, etc. Il s'y est pris, évidemment, il n'en sort plus... Toujours au lycée, ce J.‑B. S. ! toujours aux pastiches, aux "Lamanièredeux"... La manière de Céline aussi... et puis de bien d'autres... "Putains", etc. "Têtes de rechange"... "Maïa"... Rien de grave, bien sûr. J'en traîne un certain nombre au cul de ces petits "Lamanièredeux"... Qu'y puis-je ? Étouffants, haineux, foireux, bien traîtres, demi-sangsues, demi-ténias, ils ne me font point d'honneur, je n'en parle jamais, c'est tout. Progéniture de l'ombre. Décence ! Oh ! je ne veux aucun mal au petit J.‑B. S. ! Son sort où il est placé est bien assez cruel ! Puisqu'il s'agit d'un devoir, je lui aurais donné volontiers sept sur vingt et n'en parlerais plus... Mais page 462, la petite fiente, il m'interloque ! Ah ! le damné pourri croupion ! Qu'ose-t-il écrire ? "Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des nazis c'est qu'il était payé. " Textuel. Holà ! Voici donc ce qu'écrivait ce petit bousier pendant que j'étais en prison en plein péril qu'on me pende. Satanée petite saloperie gavée de merde, tu me sors de l'entre-fesse pour me salir au dehors ! Anus Caïn pfoui. Que cherches-tu ? Qu'on m'assassine ! C'est l'évidence ! Ici ! Que je t'écrabouille ! Oui !... Je le vois en photo, ces gros yeux... ce crochet... cette ventouse baveuse... c'est un cestode ! Que n'inventerait-il, le monstre, pour qu'on m'assassine ! A peine sorti de mon cacao, le voici qui me dénonce ! Le plus fort est que page 451, il a le fiel de nous prévenir : "Un homme qui trouve naturel de dénoncer des hommes ne peut avoir notre conception de l'honneur, même ceux dont il se fait le bienfaiteur, il ne les voit pas avec nos yeux, sa générosité, sa douceur, ne sont pas semblables à notre douceur, à notre générosité, on ne peut pas localiser la passion."
Dans mon cul où il se trouve, on ne peut pas demander à J.‑B. S. d'y voir bien clair, ni de s'exprimer nettement, J.‑B. S. a semble-t-il cependant prévu le cas de la solitude et de l'obscurité dans mon anus... J.‑B. S. parle évidemment de lui-même lorsqu'il écrit page 451 : "Cet homme redoute toute espèce de solitude, celle du génie comme celle de l'assassin." Comprenons ce que parler veut dire... Sur la foi des hebdomadaires J-B. S. ne se voit plus que dans la peau du génie. Pour ma part et sur la foi de ses propres textes, je suis bien forcé de ne plus voir J.‑B. S. que dans la peau d'un assassin, et encore mieux, d'un foutu donneur, maudit, hideux, chiant pourvoyeur, bourrique à lunettes. Voici que je m'emballe ! Ce n'est pas de mon âge, ni de mon état... J'allais clore là... dégoûté, c'est tout... Je réfléchis... Assassin et génial ? Cela s'est vu... Après tout... C'est peut-être le cas de Sartre ? Assassin il est, il voudrait l'être, c'est entendu mais, génial ? Petite crotte à mon cul génial ? hum ?... c'est à voir... oui certes, cela peut éclore... se déclarer... mais J.‑B. S. ? Ces yeux d'embryonnaire ? ces mesquines épaules ?... ce gros petit bidon ? Ténia bien sûr, ténia d'homme, situé où vous savez... et philosophe !... c'est bien des choses... Il a délivré, parait-il, Paris à bicyclette. Il a fait joujou... au Théâtre, à la Ville, avec les horreurs de l'époque, la guerre, les supplices, les fers, le feu. Mais les temps évoluent, et le voici qui croît, gonfle énormément, J.‑B. S. ! Il ne se possède plus... il ne se connaît plus... d'embryon qu'il est il tend à passer créature... le cycle... il en a assez du joujou, des tricheries... il court après les épreuves, les vraies épreuves... la prison, l'expiation, le bâton, et le plus gros de tous les bâtons : le Poteau... le Sort entreprend J.B.-S... les Furies ! finies les bagatelles... Il veut passer tout à fait monstre ! Il engueule de Gaulle du coup !
Quel moyen ! Il veut commettre l'irréparable ! Il y tient ! Les sorcières vont le rendre fou, il est venu les taquiner, elles ne le lâcheront plus... Ténia des étrons, faux têtard, tu vas bouffer la Mandragore ! Tu passeras succube ! La maladie d'être maudit évolue chez Sartre... Vieille maladie, vieille comme le monde, dont toute la littérature est pourrie... Attendez J.‑B. S. avant que de commettre les gaffes suprêmes !... Tâtez-vous ! Réfléchissez que l'horreur n'est rien sans le Songe et sans la Musique... Je vous vois bien ténia, certes, mais pas cobra, pas cobra du tout... nul à la flûte ! Macbeth n'est que du Grand-Guignol, et des mauvais jours, sans musique, sans rêve... Vous êtes méchant, sale, ingrat, haineux, bourrique, ce n'est pas tout J.‑B. S. ! Cela ne suffit pas... Il faut danser encore !... Je veux bien me tromper bien sûr... Je ne demande pas mieux... J'irai vous applaudir lorsque vous serez enfin devenu un vrai monstre, que vous aurez payé, aux sorcières, ce qu'il faut, leur prix, pour qu'elles vous transmutent, éclosent, en vrai phénomène. En ténia qui joue de la flûte.
M'avez-vous assez prié et fait prier par Dullin, par Denoël, supplié "sous la botte" de bien vouloir descendre vous applaudir ! Je ne vous trouvais ni dansant, ni flûtant, vice terrible à mon sens, je l'avoue... Mais oublions tout ceci ! Ne pensons plus qu'à l'avenir ! Tâchez que vos démons vous inculquent la flûte ! Flûte d'abord ! Retardez Shakespeare, lycéen ! 3/4 de flûte, 1/4 de sang... 1/4 suffit je vous assure... mais du vôtre d'abord ! avant tous les autres sangs. L'Alchimie a ses lois... le "sang des autres" ne plaît point aux Muses... Réfléchissons... Vous avez emporté tout de même votre petit succès au "Sarah", sous la Botte, avec vos Mouches... Que ne troussez-vous maintenant trois petits actes, en vitesse, de circonstance, sur le pouce, Les Mouchards ? Revuette rétrospective... L'on vous y verrait en personne, avec vos petits potes, en train d'envoyer vos confrères détestés, dits "Collaborateurs" au bagne, au poteau, en exil... Serait-ce assez cocasse ? Vous-même, bien entendu, fort de votre texte au tout premier rôle... en ténia persifleur et philosophe... Il est facile d'imaginer cent coups de théâtre, péripéties et rebondissements des plus farces dans le cours d'une féerie de ce genre... et puis au tableau final un de ces "Massacre Général" qui secouera toute l'Europe de folle rigolade ! (Il est temps !) Le plus joyeux de la décade ! Qu'ils en pisseront, foireront encore à la 500e !... et bien au-delà ! (L'au-delà ! Hi ! Hi !) L'assassinat des "Signataires", les uns par les autres !... vous-même par Cassou... cestuy par Eluard ! l'autre par sa femme et Mauriac ! et ainsi de suite jusqu'au dernier !... Vous vous rendez compte ! L'Hécatombe d'Apothéose ! Sans oublier la chair, bien sûr !... Grand défilé de filles superbes, nues, absolument dandinantes... orchestre du Grand Tabarin... Jazz des "Constructeurs du Mur"... "Atlantist Boys"... concours assuré... et la grande partouze des fantômes en surimpression lumineuse... 200.000 assassinés, forçats, choléras, indignes... et tondues ! à la farandole ! du parterre du Ciel ! Choeur des "Pendeurs de Nuremberg"... Et dans le ton vous concevez plus-qu'existence, instantaniste, massacriste... Ambiance par hoquets d'agonie, bruits de coliques, sanglots, ferrailles... "Au secours !"... Fond sonore : "Machines à Hurrahs !"... Vous voyez ça ? Et puis pour le clou, à l'entr'acte : Enchères de menottes ! et Buvette au sang. Le Bar futuriste absolu. Rien que du vrai sang ! au bock, cru, certifié des hôpitaux... du matin même ! sang d'aorte, sang de foetus, sang d'hymen, sang de fusillés !... Tous les goûts ! Ah ! quel avenir J.‑B. S. ! Que vous en ferez des merveilles quand vous serez éclos Vrai Monstre ! Je vous vois déjà hors de fiente, jouant déjà presque de la flûte, de la vraie petite flûte ! à ravir !... déjà presque un vrai petit artiste !
Sacré J.‑B. S.
L.-F. Céline.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Il dit qu'il voit pas le rapport. C'est un très bon pamphlet : virulent par le ton et dénué du moindre argument.
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

C'est en fait une réponse à un pamphlet de Sartre.
Il le réfute (sans doute partiellement).

1) Il n'a pas été payé pour collaborer, au contraire il a du payer de sa personne : déshonneur national et emprisonnement, réquisition de ses biens.
Céline était pro-nazi bien avant la guerre, il voulait que la France s'allie avec l'Allemagne dès 1937.
2) Il n'a jamais dénoncé personne, et pendant la guerre des résistants se réunissait juste au dessus de chez lui. Il aurait très bien pu les balancer. Céline accusait d'être juif des collabos, il disait être le seul intellectuel collabo à n'être pas du tout juif, et que tous les autres étaient en fait plus juifs que les juifs qu'ils dénonçaient... Céline n'a attaqué personnellement que des gens totalement hors de danger et son antisémitisme était très complexe. Bien sur il a attaqué les juifs en général dans deux pamphlets, ce qui étaient vraiment très très discutable. Mais dans le contexte de l'époque d'avant-guerre, cela n'a pas empêché les Sartre, Aragon et compagnie de le solliciter sans cesse, et en vain, avant de lui cracher dessus quand le vent tourna. Et Sartre le dénonce lui. Céline était pacifiste et lui voulait la mort des collabos...
3) L'argument principal : absence totale de style chez Sartre, il ne sait pas écrire.
4) Basses attaques sur le physique, mais c'est marrant je trouve.

Bien sur j'en dit plus que Céline lui-même dans son pamphlet. Mais c'est à peu près les 4 choses qu'on peut en sortir. On peut aussi noter l'ironie avec laquelle il sous-entend qu'un jour Sartre saura peut-être écrire, que pour l'instant il écrit presque comme un enfant. Et aussi comment il montre que Sartre est insignifiant à ses yeux : il se trompe sur son prénom.
Ce qui est beau, c'est la Musique de Céline et le fait qu'il est toujours seul contre tous... Pas un chef de file ni un suiveur. Il tapait sur tout le monde. Il disait vouloir être seul face à l'humanité pour pouvoir écrire sur elle. Il a plutôt bien réussi.

Je suis conscient que ça n'a pas le moindre rapport avec l'existentialisme, simplement je trouve que c'est un beau pamphlet et comme c'était sur Sartre je me suis dit que ça pourrait être intéressant de le poster, ne serait-ce que pour me faire l'avocat du diable.

Ce n'est pas ça qui m'empêchera de lire Sartre.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Je pensais que c'était un exemple des on-dit sur l'existentialisme.
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MGK GeorgeS
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Non, juste un truc limite hors-sujet...
J'ai pas continué la lecture de L'existentialisme et la sagesse des nations qui est en fait un recueil d'articles qui parlent de plein de choses différentes et auxquelles je ne comprend rien... manque de vocabulaire et c'est un peu chiant de devoir chercher la définition de chaque concept. Peut-être que je reprendrai ça un jour de courage.
J'ai commencé un roman de Kafka fort intéressant et qui fait moins mal à la tête : Le Procès.
Ca traite de beaucoup de thèmes qui me tracassent depuis quelques temps. Entre autres de l'impossibilité d'accéder à l'absolu, de trouver un sens à l'existence, la condamnation à mort et l'attente dans l'impasse de l'absurde.
Est-ce qu'il existe quelque chose qui sous-tendrait toute la morale, une Justice absolue, et que simplement cette chose ne pourrait jamais être connue d'aucun homme? Ou est-ce que cette chose n'existe même pas? Le problème est en tout cas insoluble autrement que par un sentiment profond, indépendant de l'entendement. Et avoir la pleine persuasion de la réponse à cette question peut bouleverser une vie. Et merde !
Je dis sans doute tout un tas de conneries, j'ai un peu bu.
Mais je dis souvent des conneries en étant sobre donc cette excuse est médiocre.
Je suis finalement bien plus à l'aise quand je suis certain de dire de la merde, c'est dit puis oublié et pas de doute... Le bonheur réside dans l'absence de doute et un bon moyen de ne pas douter c'est de boire.
Il y a quelques jours, alors que je buvais dans des bars et changeais chaque fois que je commençais à m'ennuyer ou qu'on ne voulait plus me servir, un type m'a pris de haut (comme la plupart des gens avec qui je discute dans ces cas-là et qui se sentent infiniment supérieurs à moi dès qu'ils apprennent que je ne fais rien dans la vie) et m'a demandé quelle était mon ambition dans la vie. Je lui ai répondu que c'était de finir cette bière qui était posée devant moi et il a ri comme si c'était une blague. Ensuite il a commencé à me parler de lui, mais je l'ai pas écouté. J'ai fini ma bière et ai changé de bar.
Mieux vaut jouer au cap's avec des clodos...
Ou boire seul.
Bien qu'on puisse rencontrer des gens intéressants dans les bars... mais c'est plus rare le soir que l'après-midi. Le soir ils sont plus dilués.
Grosse digression là.
Je me tais.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Juste pour disperser un potentiel malentendu je tiens à dire que je ne te prends pas de haut. Mes réponses sont souvent sibyllines et condensées, pour autant l'objectif n'est pas d'être blessant. J'ai rarement le temps de développer ce que j'ai à dire en ce moment.

Le Procès est une lecture particulièrement enthousiasmante malgré le malaise durable qu'elle provoque, bon choix. Je maintiens par ailleurs que 'l'existentialisme est un humanisme" est une lecture utile. C'est de la vulgarisation philosophique (Beauvoir...) et Sartre répond à certaines critiques formulées contre l'existentialisme. Si la question du doute t’intéresse tu devrais y trouver du grain à moudre.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

[juste pour dire que je lis tout, que ça me fait bouillonner intérieurement, mais que j'arrive pas à mettre mes idées en forme. continuez comme ça, svp]
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Merde à celui qui lit.
Je laisse le dernier mot à Eole.
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Re: Vos lectures

Post by MGK GeorgeS »

Je ne parlais absolument pas de toi Els.
Je parlais des gens dans les bars qui sont très heureux de ma présence car ils pensent alors avoir réussi leur vie, par contraste. Je n'ai pas les "bonnes réponses" alors je suis un idiot et ils me prennent de haut parce que eux les connaissent les "bonnes réponses", en général pour les avoir apprises par coeur. Tout le monde n'est pas comme ça et c'est heureux, mais je suis assez poissard pour ne tomber que sur ce type de personnage, ou presque...
En vérité je suis un peu responsable car je sais que je suis à côté de la conversation, tout le temps, mais c'est que je veux la déplacer et la sortir des rails. Entendre sans cesse les même choses et avoir l'impression de rencontrer la même personne tout le temps ça m'angoisse beaucoup, alors j'essaie de les bousculer un peu, de les déstabiliser pour voir ce qu'ils ont dans le ventre et parfois ça marche. En général on me prend pour un cinglé, et on se moque de moi, un peu avec l'arrogance de l'adulte face à l'enfant qui pose des questions apparemment idiotes.

EDIT : je vais essayer de trouver ce dont tu parle, Els, dans une autre librairie. Si je n'y parviens pas je le commanderai peut-être.
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