Puella Magi Madoka★Magica
Les séries de magical girl (Mahou Shoujo), un genre presque aussi vieux que l'animation japonaise. Un genre qui n'a que peut évolué au fil des années, la recette revient régulièrement :
- des filles mignonnes, jeunes voir très jeune de préférences;
- des costumes mignons pour aller avec les jeunes filles;
- des seconds rôles tous mignons;
- des transformations mignonnes;
- des pouvoirs mignons;
- le tout enrobé dans de mignonnes teintes acidulées et brillantes.
Des séries principalement orientées pour le jeune public féminin au final. Puis un beau jour de 2004 deux séries démarrent simultanément : Mai Hime et Mahou Shojou Lyrical Nanoha. Deux séries qui vont énormément apporter en cassant la barrière shoujo/shonen (public féminin/public masculin). L'ambiance mignonne à laquelle on été habitué prend un coup. Alors certes on ne tombe pas dans le gore, ultra violent passant du rose bonbon au rouge sang, mais les scénarios se font un peu plus profond et sombre. Un public plus large va commencer à s'intéresser aux séries de magical girl. Malheureusement ces deux excellents essais ne feront pas réellement suite, hormis les saisons 2 et 3 de Nanoha et les versions alternatives de Mai Hime.
Réussir à casser le moule du genre pour attirer plus que les jeunes filles est en effet un défi non négligeable. Toutefois le studio Shaft (Bakemonogatari, Ef - a tale of memories, Sayonara Zetsubou sensei, Maria+Holic, Hidamari Sketch, ...) aime les défis et l'a donc relevé avec Puella Magi Madoka★Magica.
Shaft va jouer avec les codes du genre, on va tout d'abord retrouver le côté mignon qui fait la base du style. On a donc droit a des jeunes filles dans un style plutôt "mignon" dont le personnage principal qui a un penchant pour le rose et se retrouvera accompagné par un mignon (
) petit animal de compagnie. Seulement voilà, Shaft c'est Shaft, et dès le premier épisode on sent l'ombre du studio et du directeur Akiyuki Shinbo planer sur la série. À vrai dire, dès les premières images on se rend compte que quelque chose sera différent. Une fille qui court désespérément dans un couleur étrange rempli de carreaux noirs et blancs, pousse une lourde porte et finie sa course devant un monde en train de tomber en ruine devant ses yeux. Le tout sur une musique toujours épique de Yuki Kajiura. (voir la vidéo à la fin de ce post)
Après cette mise en bouche de quelques minutes l'anime démarre normalement et on retombe dans une entame beaucoup plus classique. L'héroïne, Madoka, vie dans une famille heureuse, va à l'école avec ses amies, le soleil brille et les oiseaux chantent. Et puis surprise (ou pas) une élève un peu étrange est transférée dans la classe de Madoka, le GROS classique. Un détail toutefois aura attiré mon attention dans cette intro tellement c'est rare de voir ça dans une série japonaise. C'est le père qui fait la cuisine et la mère qui travaille. OK, ça n'apporte rien à la série en elle même, mais ça m'a quand même fait tilté.
Bref, arrive la moitié de l'épisode et Shaft reprend les choses en main pour nous rappeler qu'ils sont là pour relever un défi et que non, Madoka★Magica n'est pas une série de Magical Girl comme les autres. Après ce second avertissement on retombe dans une trame classique avant l'assaut final. La dernière partie de ce premier épisode marque définitivement sa différence avec ce qu'on avait l'habitude de voir et Shaft s'en donne à cœur joie de façon totalement débridé dans un style qui leur est cher : le style sous acide. Ce que vous allez voir dans cette dernière partie, je peux vous assurer qu'il y a peu de chance que vous l'ayez vu autre part auparavant dans un anime.
Au final Puella Magi Madoka★Magica se retrouve à la croisé des chemin entre un Mahou Shojou lyrical Nanoha, Mai Hime et Black Rock Shooter. Je ne vais pas m'étaler plus que ça sur le scénario de la série qui joue un grand rôle dans sa qualité. Même s'il n'est pas exempt de tout reproche, il est vraiment bien construit dans le but d'accrocher le spectateur. On aura droit à quelque chose de plus sombre que ce qu'on aurait pu croire au premier abord. La série arrive à placer quelques passages bien "What The Fuck!" qui surprennent. Et puis surtout, il y a un personnage que je suis obligé d'évoquer, le cas Kyuubey.
La question du pouvoir et de ses implications dans Madoka★Magica joue également un rôle important. Shaft adopte un point de vue particulier concernant ce point.
En ci qui concerne la qualité du dessin et de l'animation, ma foi, c'est du Shaft. Ils cachent la misère de la diffusion TV avec leur style si particulier et mettent les bouchées doubles sur la sortie en version DVD/Blu-ray qui bénéficie d'une qualité largement supérieure comme à l'accoutumé. Le style du character design est également assez particulier, proche de ce qu'on trouve dans Hidamari Sketch du même studio. L'OST quant à elle est signée par la très grande Yuki Kajiura et accompagne bien la série. Plusieurs thèmes sont particulièrement accrocheurs, vivement la sortie de l'OST en CD pour en profiter pleinement.
Conclusion :
Mission accomplie pour Shaft dans cette série de magical girl revue et corrigée. D'autant plus qu'il est à noter que Puella Magi Madoka★Magica est la première série originale de Shaft. Toutes les autres (Bakemonogatari, Ef - a tale of memories, Sayonara Zetsubou sensei, Maria+Holic, Hidamari Sketch, ...) sont des adaptations de manga, roman ou visual-novel. Le studio n'arrive pas en terrain complètement vierge (Nanoha, Mai Hime, Black Rock Shooter) mais réussi à magnifier tout ce qui c'était fait avant lui au sein d'une même série. Il ne fait nul doute que Madoka★Magica aura réussi à attirer un public bien plus large que les fillettes de 7 ans (top #9 au classement MyAnimeList), montrant le réel potentiel du genre. Espérons que cette fois-ci la succession suivra.
Un trailer (fanmade et carrément bien foutu) pour vous donner l'eau à la bouche :