Vos lectures

Venez parler de tout et de rien ou de vos problème selon votre humeur

Moderator: [MGK] Eole

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[MGK]Enrom
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

Wikipedia est peu fiable sur ce type de sujet. Là, on décèle tout à fait l'entourloupe d'un sympathisant français. Alors qu'Hugo est né à Besanson et mort à Paris, le vaurien a mis qu'il était français, malgré le fait que ces 2 villes ne laissent aucun doute sur sa véritable nationalié. D'ailleurs, il a négligé un point dans son méfait : Hugo n'écrit pas en français, mais en langue francophone, ce qui prouve bien qu'il n'est pas français lui-même.
Belge donc.
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Je vois pas comment il pourrait parler d'autre chose que de belges avec un titre comme "Les Misérables"...
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[MGK] Waaam
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Re: Vos lectures

Post by [MGK] Waaam »

:bravo: :bravo: :langue:
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Tank »

Els tu veu la guerre tu l'aura :p Franco Belge et fiere de l'etre !
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Me semblait bien que quelqu'un était du coin. C'était toi donc. :mrgreen:
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Tank »

Oui Oui :langue:

M'enfin sa m'etonnerais pas qui yé un MgkFou qui me dit pas étonnant ... :siffle:
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]benJ »

Pas étonnant dsl trop tentant :langue:
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Je relance un peu le topic qui se meurt. Finalement j'ai trop rarement le courage de rédiger quelque chose sur une lecture antérieure, alors je me contente de poster quand je trouve un texte qui me plaît, en live. Cet après-midi donc j'ai redécouvert Baudelaire, ne fuyez pas tout de suite si vous êtes réfractaires à la poésie, vous pourriez être surpris. Il s'agit en effet de poèmes en prose, notion vague s'il en est, mais difficilement contestable dans ce cas puisque Baudelaire a appelé le recueil Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris.

Si je m'écoutais (et vous allez me bénir certainement de ne pas m'écouter) je posterais presque un poème sur deux, tant j'ai l'impression par instants de dialoguer avec un frère en lisant ces poèmes. C'est donc une appréciation éminemment subjective qui me pousse à poster, mais même si le propos ne parlera pas à tous, la construction de ces textes n'en reste pas moins brillante.

Un premier intitulé "La Solitude":
Un gazetier philanthrope me dit que la solitude est mauvaise pour l'homme ; et à l'appui de sa thèse, il cite, comme tous les incrédules, des paroles des Pères de l'Église.

Je sais que le Démon fréquente volontiers les lieux arides, et que l'Esprit de meurtre et de lubricité s'enflamme merveilleusement dans les solitudes. Mais il serait possible que cette solitude ne fût dangereuse que pour l'âme oisive et divagante qui la peuple de ses passions et de ses chimères.

Il est certain qu'un bavard, dont le suprême plaisir consiste à parler du haut d'une chaire ou d'une tribune, risquerait fort de devenir fou furieux dans l'île de Robinson. Je n'exige pas de mon gazetier les courageuses vertus de Crusoé, mais je demande qu'il ne décrète pas d'accusation les amoureux de la solitude et du mystère.

Il y a dans nos races jacassières des individus qui accepteraient avec moins de répugnance le supplice suprême, s'il leur était permis de faire du haut de l'échafaud une copieuse harangue, sans craindre que les tambours de Santerre ne leur coupassent intempestivement la parole.

Je ne les plains pas, parce que je devine que leurs effusions oratoires leur procurent des voluptés égales à celles que d'autres tirent du silence et du recueillement; mais je les méprise.

Je désire surtout que mon maudit gazetier me laisse m'amuser à ma guise. «Vous n'éprouvez donc jamais, - me dit-il, avec un ton de nez très-apostolique, - le besoin de partager vos jouissances? » Voyez-vous le subtil envieux ! Il sait que je dédaigne les siennes, et il vient s'insinuer dans les miennes, le hideux trouble-fête!

« Ce grand malheur de ne pouvoir être seul !... » a dit quelque part La Bruyère, comme pour faire honte à tous ceux qui courent s'oublier dans la foule, craignant sans doute de ne pouvoir se supporter eux-mêmes.

« Presque tous nos malheurs nous viennent de n'avoir pas su rester dans notre chambre, » dit un autre sage, Pascal, je crois, rappelant ainsi dans la cellule du recueillement tous ces affolés qui cherchent le bonheur dans le mouvement et dans une prostitution que je pourrais appeler fraternitaire, si je voulais parler la belle langue de mon siècle.

Puis un second dans un registre différent mais tout aussi mordant:
Pendant quinze jours je m'étais confiné dans ma chambre, et je m'étais entouré des livres à la mode dans ce temps-là (il y a seize ou dix-sept ans); je veux parler des livres où il est traité de l'art de rendre les peuples heureux, sages et riches, en vingt-quatre heures. J'avais donc digéré, - avalé, veux-je dire, toutes les élucubrations de tous ces entrepreneurs de bonheur public, - de ceux qui conseillent à tous les pauvres de se faire esclaves, et de ceux qui leur persuadent qu'ils sont tous des rois détrônés. - On ne trouvera pas surprenant que je fusse alors dans un état d'esprit avoisinant le vertige ou la stupidité.

Il m'avait semblé seulement que je sentais, confiné au fond de mon intellect, le germe obscur d'une idée supérieure à toutes les formules de bonne femme dont j'avais récemment parcouru le dictionnaire. Mais ce n'était que l'idée d'une idée, quelque chose d'infiniment vague.

Et je sortis avec une grande soif. Car le goût passionné des mauvaises lectures engendre un besoin proportionnel du grand air et des rafraîchissants.

Comme j'allais entrer dans un cabaret, un mendiant me tendit son chapeau, avec un de ces regards inoubliables qui culbuteraient les trônes, si l'esprit remuait la matière, et si l'oeil d'un magnétiseur faisait mûrir les raisins.

En même temps, j'entendis une voix qui chuchotait à mon oreille, une voix que je reconnus bien; c'était celle d'un bon Ange, ou d'un bon Démon, qui m'accompagne partout. Puisque Socrate avait son bon Démon, pourquoi n'aurais-je pas mon bon Ange, et pourquoi n'aurais-je pas l'honneur, comme Socrate, d'obtenir mon brevet de folie, signé du subtil Lélut et du bien avisé Baillarger?

Il existe cette différence entre le Démon de Socrate et le mien, que celui de Socrate ne se manifestait à lui que pour défendre, avertir, empêcher, et que le mien daigne conseiller, suggérer, persuader. Ce pauvre Socrate n'avait qu'un Démon prohibiteur; le mien est un grand affirmateur, le mien est un Démon d'action, un Démon de combat.

Or, sa voix me chuchotait ceci: "Celui-là seul est l'égal d'un autre, qui le prouve, et celui-là seul est digne de la liberté, qui sait la conquérir."

Immédiatement, je sautai sur mon mendiant. D'un seul coup de poing, je lui bouchai un oeil, qui devint, en une seconde, gros comme une balle. Je cassai un de mes ongles à lui briser deux dents, et comme je ne me sentais pas assez fort, étant né délicat et m'étant peu exercé à la boxe, pour assommer rapidement ce vieillard, je le saisis d'une main par le collet de son habit, de l'autre, je l'empoignai à la gorge, et je me mis à lui secouer vigoureusement la tête contre un mur. Je dois avouer que j'avais préalablement inspecté les environs d'un coup d'oeil, et que j'avais vérifié que dans cette banlieue déserte je me trouvais, pour un assez long temps, hors de la portée de tout agent de police.

Ayant ensuite, par un coup de pied lancé dans le dos, assez énergique pour briser les omoplates, terrassé ce sexagénaire affaibli, je me saisis d'une grosse branche d'arbre qui traînait à terre, et je le battis avec l'énergie obstinée des cuisiniers qui veulent attendrir un beefteack.

Tout à coup, - ô miracle! ô jouissance du philosophe qui vérifie l'excellence de sa théorie! - je vis cette antique carcasse se retourner, se redresser avec une énergie que je n'aurais jamais soupçonnée dans une machine si singulièrement détraquée, et, avec un regard de haine qui me parut de bon augure, le malandrin décrépit se jeta sur moi, me pocha les deux yeux, me cassa quatre dents, et avec la même branche d'arbre me battit dru comme plâtre. - Par mon énergique médication, je lui avais donc rendu l'orgueil et la vie.

Alors, je lui fis force signes pour lui faire comprendre que je considérais la discussion comme finie, et me relevant avec la satisfaction d'un sophiste du Portique, je lui dis: "Monsieur, vous êtes mon égal! veuillez me faire l'honneur de partager avec moi ma bourse; et souvenez-vous, si vous êtes réellement philanthrope, qu'il faut appliquer à tous vos confrères, quand ils vous demanderont l'aumône, la théorie que j'ai eu la douleur d'essayer sur votre dos."

Il m'a bien juré qu'il avait compris ma théorie, et qu'il obéirait à mes conseils.
Si vous avez apprécié j'en ai d'autres en stock qui valent le détour, et même certainement des meilleurs.
Et puis en fait comme je suis d'humeur taquine et provocatrice j'en ajoute un petit pour ceux qui auraient le mauvais goût de ne pas aimer (en déformant le propos de Baudelaire cependant, ne lui attribuez pas ma mesquinerie):
"- Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville." Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche.
"- Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies."
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]nano »

Désolé Els, j'ai beau avoir tout lu, il y a pas mal de mots que je ne comprend pas. :|
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

Finalement, j'ai pris le temps de lire. Ils sont supers en effet, même si j'aurais besoin d'un peu plus de réflexion pour mieux juger :siffle:

En temps normal, j'ai un peu de mal avec la poésie en prose, tout simplement parce que je ne vois pas d'où vient cette appellation de poésie... D'ailleurs, perso, je trouve que ça se rapproche plus d'un genre de récit court, je trouve pas de mot plus adapté...


Sinon, de mon côté, c'est le chaos au niveau lecture en ce moment... J'ai lâché Voyage au bout de la nuit pour entamer La mort à Venise, que j'ai laché pour Le portrait de Dorian Gray, que j'ai lâché pour Petite Apologie de l'expérience esthétique, qui est lui-même en train de traîner au pied de mon lit. Mais tous ces bouquins sont de qualité :mouton:
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Pour ce qui est de la poésie en prose j'ai aussi un peu de mal avec le terme, cependant les poèmes que j'ai choisis ici sont particulièrement perturbants puisqu'ils sont très narratif, il en existe des plus descriptifs/contemplatifs. Après, en trichant, on peut dire que quand on atteint un tel niveau de maîtrise de la langue, quelle que soit la forme adoptée, cela reste de la poésie. :langue:

Pour les bouquins dont tu parles c'est en effet du lourd (j'ai pas lu Mort à Venise cependant) mais c'est pas ceux qui m'ont le plus captivé non plus.

@Nano si ça peut te rassurer je serai moi aussi embêté si je devais expliquer certains termes avec précision, surtout avec les noms propres. Cependant cela n'entrave pas complètement l'accès au sens. :jtm:
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

J'ai fini le Dahlia Noir hier soir.

Bilan très positif pour ma part, c'est certainement un des meilleurs polars ou roman noir (très noir) que j'ai lu, mais c'est peut-être l'émotion et la proximité qui me laissent cette impression. Par contre, pour ceux qui auraient envie de le lire, j'ai peur de gâcher du plaisir avec la suite de cette petite contribution...

Une histoire passionante, qui dépasse le cadre de la simple intrigue policière à mon avis. J'irais même jusqu'à dire que finalement, le livre ne traite pas d'une enquête, mais de l'histoire d'un homme, ses sentiments, pulsions et déboires sentimentaux mais aussi ses qualités, le tout révélé par le prisme de la mort du Dahlia : c'est presque une histoire d'amour, complexe, inaccessible, mais en même temps révélateur (faut avoir lu pour comprendre ^^). Ici, pas de bons ni de mauvais, personne, même pas le narrateur, n'est tout blanc ou tout noir : chacun est tiraillé par ses fantasmes sombres, ses aspirations morbides, etc. et on a même l'impression que plus le personnage est important, plus il est repoussant par ses côtés immoraux. Il en transparait un certain désespoir, du pessimisme, l'impression que l'échec est patent, impossible à dépasser.
Ensuite, ce qui, je trouve, donne une force immense à ce livre, c'est le cadre : la ville de Los Angeles. De nombreux détails géographiques, sociologiques, historiques,... sont éparpillés dans le récit et lui donne une densité, une authenticité vraiment géniale. Le choix du vocabulaire également nous plonge dès la reprise de la lecture dans le contexte des années 45-50 et le retour à l'histoire se fait immédiatement. Perso, Los Angeles m'a toujours fasciné par sa violence, ses oppositions et tous ses paradoxes, ce fût donc un bonheur :)
Par contre, il est peut-être complexe à lire : beaucoup de personnages dont peu de seconds rôles, beaucoup de lieux importants, beaucoup de références culturelles ou à l'histoire elle-même. Bref, faudra s'accrocher pour les petits lecteurs, mais dans l'ensemble, vu la qualité du machin, on ne peut qu'être envoûté :)

Au niveau des détails, le livre fait environ 500 pages, est divisé en 4 parties + un prologue, écrit par James Ellroy. Lu en une semaine...

Maintenant, je vais essayer de me procurer le film, pour comprendre pourquoi il est si moyennement coté. D'ores et déja, vu la complexité du scénario, je vois mal comment retranscrire toutes les subtilités de l'enquête, les turpitudes morales et le background en seulement 2h, ce qui pourrait expliquer le médiocre accueil que le film a reçu.
Last edited by [MGK]Enrom on Thu 26 Feb 2009 21:42, edited 1 time in total.
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Si le livre est aussi envoutant que ton compte-rendu je pense passer un bon moment. Je vais essayer de me le procurer et surtout de trouver le le temps de le lire puisque tes conseils ont toujours été bons jusqu'à présent.

Pour passer du coq à l'âne selon mon habitude, je croyais, Eole, que tu avais passé commande du Maître et Marguerite il y a de cela quelques semaines, je me trompe?
Last edited by |MGK|Elsweyr on Fri 27 Feb 2009 01:23, edited 1 time in total.
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

|MGK|Elsweyr wrote:Encore une chose "par ses côtés immoraux" Enrom :siffle:
J'avais relu pourtant :mouton:

Tant mieux si je t'ai donné envie de le lire, même si j'ai toujours peur que mes comptes-rendus dénaturent et subliment l'oeuvre, qui ne serait finalement qu'un simple roman de gare :oops:
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Pour ce que tu dis sur le roman de gare Enrom, pas d'inquiétude à avoir, ce n'en sont pas au sens où on entend roman de gare habituellement. C'est à dire des romans fabriqués à la chaîne, dans le genre de la collection Harlequin. Ceux de ce type sont fabriqués selon des canevas immuables qui permettent non seulement une interchangeabilité des auteurs (n'importe qui avec un peu de plume et le canevas/mode d'emploi fourni par Harlequin peut apporter sa pierre à l'édifice de la maison d'édition). Cet éditeur est un commerçant qui vend des objets-livres jetables après lecture (d'ailleurs saviez vous que l'introduction du code-barre au dos des livres avait suscité un véritable tollé à l'époque, car il réifiait le livre ? ) mais aussi une production ininterrompue et considérable. Il suffit de voir le site de l'éditeur : http://www.harlequin.fr qui rappelle plus Auchan que Flammarion...
Les Chattam et Grangé ne sont donc pas des romans de gare même s'ils souffrent évidemment d'un certain "snobisme" de la part des milieux officiels, comme on l'a déjà établi au début de ce topic. Cependant Il faut quand même bien différencier ce qui appartient au domaine de la lecture détente de ce qui appartient au domaine de la lecture scolaire, je place personnellement en ce moment la frontière entre les deux sur la possibilité ou non de l'intégrer à une dissertation littéraire universitaire sans m'auto-pénaliser si je tombe sur un correcteur très académique. Pratchett, Grangé, Chattam, Werber ne passeront pas, Barjavel et Philip K. Dick marchent sur la corde raide, Allais passe.
Cette distinction n'est pas un jugement de valeur stricto sensu mais une évaluation du degré d'académisme. Si Allais passe aujourd'hui et si j'ai pu faire mon travail de master sur lui c'est parce qu'il a été désenclavé de son image "Philippe Bouvard" par des critiques qui ont démontré la valeur de certains de ses contes sur le plan littéraire, au delà du bon mot. Ces mêmes critiques ont ensuite dus être acceptés comme compétents (de gré ou de force) par le cénacle qui régit les "milieux littéraires universitaires".
Ainsi, Allais, qui était en piteuse estime chez les littéraires a été sorti de son tombeau de mépris par Umberto Eco dans son livre Lector in fabula qui transcende la critique littéraire (telle qu'elle se pratiquait auparavant) à l'appui, en partie, des textes de celui-ci. Ainsi un livre "détente" (puisque un roman de gare est stricto-sensu autre chose) peut, au gré des fluctuations du snobisme, passer au rang d'objet littéraire. Cependant le processus est long et pénible, un peu comme une réforme, même minime, de l'éducation nationale. ( :siffle: tiens un smiley !).
Nous voilà donc revenu sur Allais, ce qui était mon objectif second, après "rassurer" Enrom.
Allais, donc, sert d'exemple à H.Eco (oui,oui, celui du Nom de la Rose) pour appuyer ses théories sur le rôle du lecteur dans le processus littéraire. Grosse parenthèse ici : en effet le lecteur jusqu'alors n'était pas considéré comme un acteur de la création littéraire, aussi absurde que cela puisse paraitre (un livre pas ouvert est un livre mort, donc le lecteur a forcément un rôle). Jusqu'ici et très schématiquement la critique était passée par trois stades:
-premier grand stade une étude centrée sur l'auteur, ce qui explique qu'encore aujourd'hui on commence parfois à étudier en long et en large la vie de l'auteur, le contexte socio-historique avant même de lire ne serait-ce qu'une ligne, cette tendance englobe la socio-critique (contexte socio-historique donc), la bio-critique ( recherche de données dans la vie de l'auteur pour pouvoir dire: "Stendhal c'est Fabrice Del Dongo dans la Chartreuse de Parme ")et la psychocritique ( analyse de lapsus, en très gros on explique à l'auteur qu'il est névrosé et qu'il commet des lapsus : à ne pas pratiquer quand l'auteur est vivant au risque d'avoir comme réponse de la part de l'intéressé ,au mieux un "j'avais pas vu ça dans mon texte", au pire un "tu veux pas lire le texte par hasard plutôt que de me dire que je désirais ma mère" )
-second stade: vive réaction face à certaines des dérives grand-guignolesques du stade 1, l'auteur est complètement évincé, on ne considère plus que le texte, rien que le texte, avec une approche de structuralistes, on veut tout dire sur le texte sans rien aller chercher en dehors du texte, procédés très techniques et descriptifs de la manière dont s'articule le texte, la phrase. Réaction radicale et de ce fait absurde elle aussi.
- Troisième phase majeure, les théories de la réception qui font la part belle au lecteur. Eco dit quelque chose du genre "le texte est un tissu à mailles relâchées, empli de blancs que le lecteur comble", il dit aussi que le texte est "une machine paresseuse" que le lecteur doit animer lui même. C'est ce qui fait que chaque lecture d'une œuvre est singulière ,propre à chacun, tout le monde ne remplit pas les "blancs" de la même façon. Cependant ceci n'est pas non plus une théorie du "je lis ce que je veux dans un texte, je suis libre" auquel cas, comme le dit Eco de manière cette fois pas du tout académique : autant se rouler un joint avec les feuilles du bouquin, c'est aussi productif. Prenons un exemple pour mieux comprendre. L'écrivain Eugéne Sue, écrit Les mystères de Paris, un roman qui décrit de manière pittoresque la misère à Paris au XIXeme siècle. Son but était de partager avec ses amis de la bonne société le cocasse, le pittoresque de la pauvreté... Le tout n'étant pas explicitement dit, le peuple parisien le lit comme une description fidèle de leurs conditions de vie (ce qu'il est) et comme un appel à la révolte ( ce qu'il n'est pas du tout). Voyant que son œuvre n'était peut-être pas assez explicite et que tout s'emballe, comme le roman parait en feuilleton, Sue essaie de rectifier le tir au fur et à mesure en étant plus explicite sur le fait qu'il ne faut pas se révolter pour autant, mais le mal est fait... Lors de la révolte de La Commune de Paris, certains sur les barricades portent sur eux Les Mystères de Paris comme l'on brandit un manifeste. L'auteur ne fait donc pas tout, pas plus que le texte, le lecteur a aussi sa part de travail à faire.
C'est dans cette optique qu'est utilisé Allais puisque certains de ses textes sont de véritables pièges tendus au lecteur, qui en comblant les blancs se fait avoir. Nous suivons quand nous lisons des mécanismes, des codes, nous comblons des blancs par convention, et Allais (et bien d'autres) s'engouffre dans cet espace pour tromper le lecteur en décevant les attentes de ses lecteurs.

Voici finalement un de ces textes où Allais nous piège :

Les Templiers.
En voilà un qui était un type, et un rude type, et d’attaque! Vingt fois je l’ai vu, rien qu’en serrant son cheval entre ses cuisses, arrêter tout l’escadron, net.

Il était brigadier à ce moment-là. Un peu rosse dans le service, mais charmant, en ville.




Comment diable s’appelait-il? Un sacré nom alsacien qui ne peut pas me revenir, comme Wurtz ou Schwartz... Oui, ça doit être ça, Schwartz. Du reste, le nom ne fait rien à la chose. Natif de Neufbrisach, pas de Neufbrisach même, mais des environs.

Quel type, ce Schwartz!

Un dimanche (nous étions en garnison à Oran), le matin, Schwartz me dit : «Qu’est-ce que nous allons faire aujourd’hui?» Moi, je lui réponds : «Ce que tu voudras, mon vieux Schwartz.»

Alors nous tombons d’accord sur une partie de mer.

Nous prenons un bateau, souque dur, garçons! et nous voilà au large.

Il faisait beau temps, un peu de vent, mais beau temps tout de même.

Nous filions comme des dards, heureux de voir disparaître à l’horizon la côte d’Afrique.

Ça creuse, l’aviron! Nom d’un chien, quel déjeuner!

Je me rappelle notamment un certain jambonneau qui fut ratissé jusqu’à l’indécence.

Pendant ce temps-là, nous ne nous apercevions pas que la brise fraîchissait et que la mer se mettait à clapoter d’une façon inquiétante.

– Diable! dit Schwartz, il faudrait...

Au fait, non, ce n’est pas Schwartz qu’il s’appelait.

Il avait un nom plus long que ça, comme qui dirait Schwartzbach. Va pour Schwartzbach!

Alors Schwartzbach me dit : «Mon petit, faut songer à rallier.»

Mais je t’en fiche, de rallier. Le vent soufflait en tempête.

La voile est enlevée par une bourrasque, un aviron fiche le camp, emporté par une lame. Nous voilà à la merci des flots.

Nous gagnions le large avec une vitesse déplorable et un cahotement terrible.

Prêts à tout événement, nous avions enlevé nos bottes et notre veste.

La nuit tombait, l’ouragan faisait rage.

Ah! une jolie idée que nous avions eue là, d’aller contempler ton azur, ô Méditerranée!

Et puis, l’obscurité arrive complètement. Il n’était pas loin de minuit.

Tout à coup, un craquement épouvantable. Nous venions de toucher terre.

Où étions-nous?

Schwartzbach, ou plutôt Schwartzbacher, car je me rappelle maintenant, c’est Schwartzbacher; Schwartzbacher, dis-je, qui connaissait sa géographie sur le bi du bout du doigt (les Alsaciens sont très instruits), me dit :

– Nous sommes dans l’île de Rhodes, mon vieux.

Est-ce que l’administration, entre nous, ne devrait pas mettre des plaques indicatrices sur toutes les îles de la Méditerranée, car c’est le diable pour s`y reconnaître, quand on n’a pas l’habitude?

Il faisait noir comme dans un four. Trempés comme des soupes, nous grimpâmes les rochers de la falaise.

Pas une lumière à l’horizon. C’était gai.

– Nous allons manquer l’appel de demain matin, dis-je, pour dire quelque chose.

– Et même celui du soir, répondit sombrement Schwartzbacher.

Et nous marchions dans les petits ajoncs maigres et dans les genêts piquants. Nous marchions sans savoir où, uniquement pour nous réchauffer.

– Ah! s’écria Schwartzbacher, j’aperçois une lueur, vois-tu, là-bas?

Je suivis la direction du doigt de Schwartzbacher, et effectivement, une lueur brillait, mais très loin, une drôle de lueur.

Ce n’était pas une simple lumière de maison, ce n’étaient pas des feux de village, non, c’était une drôle de lueur.

Et nous reprîmes notre marche, en l’accélérant.

Nous arrivâmes, enfin.

Sur des rochers se dressait un château d’aspect imposant, un haut château de pierre, où l’on n’avait pas l’air de rigoler tout le temps.

Une de ces tours de ce château servait de chapelle, et la lueur que nous avions aperçue n’était autre que l’éclairage sacré tamisé par les hauts vitraux gothiques.

Des chants nous arrivaient, des chants graves et mâles, des chants qui vous mettaient des frissons dans le dos.

– Entrons, fit Schwartzbacher, résolu.

– Par où?

– Ah! voilà... cherchons une issue.

Schwartzbacher disait : «Cherchons une issue», mais il voulait dire : «Cherchons une entrée.» D’ailleurs, comme c’est la même chose, je ne crus pas devoir lui faire observer son erreur relative, qui peut-être n’était qu’un lapsus causé par le froid.

Il y avait bien des entrées, mais elles étaient toutes closes, et pas de sonnettes. Alors c’est comme s’il n’y avait pas eu d’entrées.

À la fin, à force de tourner autour du château, nous découvrîmes un petit mur que nous pûmes escalader.

– Maintenant, fit Schwartzbacher, cherchons la cuisine.

Probablement qu’il n’y avait pas de cuisine dans l’immeuble, car aucune odeur de fricot ne vint chatouiller nos narines.

Nous nous promenions par des couloirs interminables et enchevêtrés.

Parfois, une chauve-souris voletait et frôlait nos visages de sa seule peluche.

Au détour d’un corridor, les chants que nous avions entendus vinrent frapper nos oreilles, arrivant de tout près.

Nous étions dans une grande pièce qui devait communiquer avec la chapelle.

– Je vois ce que c’est, fit Schwartzbacher (ou plutôt Schwartzbachermann, je me souviens maintenant), nous nous trouvons dans le château des Templiers.

Il n’avait pas terminé ces mots, qu’une immense porte de fer s’ouvrit toute grande.

Nous fûmes inondés de lumière.

Des hommes étaient là, à genoux, quelques centaines, bardés de fer, casque en tête, et de haute stature.

Ils se relevèrent avec un long tumulte de ferraille, se retournèrent et nous virent.

Alors, du même geste, ils firent Sabremain! et marchèrent sur nous, la latte haute.

J’aurais bien voulu être ailleurs.

Sans se déconcerter, Schwartzbachermann retroussa ses manches, se mit en posture de défense et s’écria d’une voix forte:

– Ah! nom de Dieu! messieurs les Templiers, quand vous seriez cent mille... aussi vrai que je m’appelle Durand!...

Ah! je me rappelle maintenant, c’est Durand qu’il s’appelait. Son père était tailleur à Aubervilliers. Durand, oui, c’est bien ça...

Sacré Durand, va! Quel type!
Le but du post à l'origine était simplement de mettre ce texte (j'avais dit à Barthi que je mettrai du Allais si il voulait gouter) mais j'ai comme l'impression de m'être laissé emporter au fil de digressions, je l'espère ni trop confuses, ni trop pénibles (ça j'ai moins d'espoirs >< ). C'est aussi l'exemple de l'opiniâtreté d'Eole sur le topic Anime/manga qui m'a motivé, sachant que je ne réponds que rarement sur celui-ci mais que je le lis souvent avec intérêt.
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[MGK]Barthiméus
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Barthiméus »

le texte m'a fait rire tout du long sans que jpuisse précisément dire pourquoi :roll:
:langue: :bravo: Puis la chute :bravo: :langue:
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dedz encore plus president !
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Je serai embarrassé de dire pourquoi son style me fait rire moi aussi. Mais de toute façon il n'y a pas pire, je crois, que de vouloir expliquer une blague à quelqu'un qui n'a pas ri la première fois, ni la seconde. ^^
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Re: Vos lectures

Post by [MGK] Eole »

|MGK|Elsweyr wrote:Pour passer du coq à l'âne selon mon habitude, je croyais, Eole, que tu avais passé commande du Maître et Marguerite il y a de cela quelques semaines, je me trompe?
Oui, j'avais effectivement passé commande, sauf qu'entre temps il n'avait plus d'exemplaire en stock (moi et ma chance légendaire). Comme j'avais demandé d'expédier la commande en un seul paquet (à 20 euros les frais de port je préfère :siffle: ), j'ai patienté deux semaines dans l'espoir qu'il l'ai de nouveau en stock. En vain, j'ai donc fait annuler ce livre là pour que ma commande puisse être expédiée.
:(

Il restait bien l'édition relié cuir, mais bon à 70 euros neuf :mouton: .
Mais maintenant que tu me le rappel, j'ai vu qu'il l'avait de nouveau en stock (dans différentes collections), donc je l'ai ajouté à ma prochaine commande de nouveau. Croisons les doigts.


Sinon pour en revenir à ton post sur la critique, le site Anime-Kun propose un article intéressant sur la critique manga en France:
http://www.anime-kun.net/webzine/articl ... t-264.html

En relisant l'article j'ai essayé de retrouver les différents stades de la critique dont tu fais mention et c'est vrai qu'on peut y retrouver des similitudes. Et ce malgré l'apparition encore très récentes de la critique manga en France, comparé à celle de la littérature classique.
L'article aborde aussi un point intéressant qui est le suivant:
la critique amateur par des fans, comme on peut la trouver sur les blogs et autres support du même genre, ne peut pas être de qualité équivalente à une critique professionnel. Et ce, parce que le professionnel possède une culture plus profonde et orientée dans un but critique, ce que ne peut pas posséder le fan de base.
C'est très résumé, et j'ai du mal à retranscrire le tout sur deux lignes, mais ça t'intéressera peut être.
Au final, même si je suis assez d'acord que dans une très large majorité de cas, une critique de fan ne pourra pas atteindre la qualité ou l'objectivité d'un professionnel. Quand je lis les analyses des oeuvres qui sont faites par ce site (Anime-Kun), je pense quand même qu'une critique faite par des amateurs peut être de très bonne qualité et surpasser parfois celle d'un professionnel.

D'ailleurs est-ce que dans le domaine de la critique littéraire il n'y a pas des pressions qui s'exercent sur les critiques. Ou certains auteurs qui ne verront jamais leurs livres critiqués, uniquement de par leur renommé ? En gros est-ce que la critique littéraire est objective ? En particulier dans le cas de publication de la critique dans des quotidiens, qui sont souvent orientés politiquement. Est-ce que ça ne ferais pas tâche de publier un avis positif sur un livre qui prône des principes opposés à la ligne éditoriale du journal. N'existe-t-il pas une sorte de censure ou d'auto censure ?
(Oui, ça fait beaucoup de questions qui me sont venues comme ça :roll: )

Totalement HS mais j'ai une question qui me tracasse depuis un moment. Est-ce qu'on écrit "parceque" ou "parce que" ?
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|MGK|Elsweyr
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Re: Vos lectures

Post by |MGK|Elsweyr »

Je suis content que ton mutisme sur Le Maître et Marguerite ne soit pas du au fait qu'il t'ait déplu, et je garde donc l'espoir ne de ne pas avoir conseillé un mauvais roman jusqu'à nouvel ordre.

Pour ce qui est de la critique, je n'ai pour l'instant parcouru qu'en diagonale l'article d'Anime-kun, mais comme tu le soulignais essayer de retrouver les trois étapes appliquées aux mangas semble difficile. Premier point, le petit anachronisme que tu as toi même pointé. Le premier stade que je décris plus haut date en effet de Sainte-Beuve au XIX ème siècle donc et le second stade commence avec Marcel Proust, avec le Contre Sainte-Beuve en 1954 pour être précis (publication posthume), le débat étant engagé depuis la fin du XIXeme. Le troisième stade quant à lui date de 1970. Il reste cependant possible de trouver des traces ou des similitudes puisqu'il faut bien évidemment appliquer conjointement ses trois approches pour rendre compte de l'intégralité d'une œuvre. La seconde différence c'est que le manga et la littérature ne partagent pas les mêmes caractéristiques et donc ne s'étudient pas de la même manière. Ceci dit, ce n'est en rien une critique du manga, la BD étant elle aussi exclue du champ d'étude littéraire, car la relation dialogique entre texte (ou même dans certains cas l'absence de texte : cf. BD muettes) et image(s) requiert des outils et approches différents.
Pour le point que tu abordes sur la critique professionnelle vs. critique d'amateur, la seule chose en plus qu'ont les professionnels (éventuellement...) vis à vis des amateurs, ce sont les outils techniques et (encore plus discutable) une plus vaste culture. Les pros (pour aller vite) n'ont en revanche pas le monopole de l'enthousiasme, et l'objectivité en critique me parait à la fois une gageüre et légèrement soporifique. L'honnêteté en revanche est indispensable. Je ne crois pas trop m'avancer en disant que je préfère lire un avis engagé et argumenté, une lecture personnelle, tant qu'elle tient la route et est honnête, dans le sens fidèle un minimum à l'œuvre commentée. La difficulté réside dans la difficulté de décrire "scientifiquement" ce qui nous a plu sans posséder les outils pour le faire. Certains critiques ont les outils mais pas l'enthousiasme, certains amateurs ont l'enthousiasme mais pas les outils. Je rejoins donc ton avis sur la question.
Pour ce qui est de la critique dans les quotidiens, journaux, ou magazines ce n'est pas de la critique au sens où je l'entends, mais plutôt de la publicité. Elle est toujours à un niveau ou à un autre subjective, voire malhonnête pour toutes sortes de raisons ( tu en as citées quelques unes d'ailleurs, parti-pris esthétiques, politiques, snobisme, accords commerciaux, copinage). La critique dont je parlais est la critique dite universitaire, celle qui paraitra en livre et non en article dans un journal. Cependant je ne dis pas que celle-ci est plus objective, j'ai déjà parlé du snobisme du milieu et de la difficulté de faire bouger le mastodonte. Je fais simplement la distinction entre un entrefilet dans la presse (achetez, n'achetez pas, 3 petits cœurs ou 2 étoiles) et la critique au sens "recherche", qui n'est plus simplement un rapport d'évaluation mais un rapport d'étude.

Enfin je te remercie de tes questions parce que écrire et expliquer certaines idées me permet de remettre des concepts en place chez moi. Je suis pas très sur d'avoir répondu clairement et précisément à toutes tes questions cependant. je retourne parcourir l'article d'anime-kun.

@Enrom: j'ai pu emprunter Le Dahlia Noir, je commence asap. :mrgreen:
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Re: Vos lectures

Post by [MGK]Enrom »

On dit bien "parce que" et pas "parceque". Par contre, on peut dire "porque", mais aussi "por qué" en espagnol. :mrgreen:

Els, Marcel Proust étant né en 1871 et mort en 1922, il doit certainement y avoir une erreur de date ou de personnes dans ton message...

Ensuite, pour ce qui est de la critique, perso j'ai plutôt l'impression que ce dont tu parles Els, c'est l'analyse et pas de la critique. Pour moi, la critique, c'est attribuer selon des critères une valeur à l'oeuvre critiquée : après, évidemment, ces critères sont personnels et permettent un engagement de l'auteur de la critique. D'où les différences d'avis et les possibles subversions dont parlait Eole. D'ailleurs, sans aller jusqu'à parler de publicité ou de corruption, il y a en effet le background de la publication qui rentre en compte dans l'évaluation : par exemple, ça m'étonnerait qu'un journal comme La Croix (admettons :siffle: ) apprécie beaucoup une histoire de vengeance personelle :mrgreen:

Après, et c'est ma tendance à privilégier l'inspiration et la fulgurance de l'imagination qui s'exprime, j'ai toujours préféré juger sur la sensation que l'oeuvre me fait plutôt que sur des aspects de détail ou des points techniques. M'est avis que ça fait de moi un piètre critique, mais je trouve ça plus vrai que de désenchanter l'oeuvre en la décortiquant...



PS @Elsweyr : bieen :D par contre, dans mon édition, j'ai une postface rajouté par Ellroy après le film de DePalma, qui vient éclairer la genèse du livre dans la propre histoire de l'écrivain. Et c'est assez édifiant, tellement on comprend l'origine de la noirceur du livre et des personnages... Je ne sais pas si tu l'as, sinon je pourrais t'en copier les passages les plus intéressants ;)
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Merde à celui qui lit.
Je laisse le dernier mot à Eole.
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